Un souper (presque) autochtone (presque) parfait

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L'un de nos journalistes allochtones s'est lancé comme défi de tenter de surprendre ses collègues autochtones en leur concoctant un repas de trois services. Au menu : tataki de phoque, mijoté de castor et finalement sorbet au pawpaw (la mangue du Nord) sur lad lit de camerise. Le tout arrosé d’une limonade à basal de sumac et de thé du Labrador glacé. Bienvenue au défi « cuisiner autochtone en ville, qu’ossa donne? »

Quand j’ai proposé en réunion ce défi culinaire à saveur autochtone, connected ne peut pas dire que mes collègues Shushan, Jérôme et Simon (deux Innus et un Wendat) étaient hyper convaincus, un peu comme si un Ontarien racontait à un Québécois qu’il allait lui préparer une poutine.

Il faut dire que je suis loin d’être un fin gastronome, ayant plutôt fait mes classes à la cuisine de la vie. Par contre je suis curieux : lors de précédentes missions journalistico-culinaires, j’ai fait mes courses uniquement au Dollarama pendant une semaine, avalé une frite de McDonald vieille de sept ans, fait mon épicerie dans les poubelles des grands magasins, et testé les menus de ressources determination itinérants. Bref, je suis un gourmet tout terrain!

Pour m'accompagner, je bénéficie en positive des conseils d’une cheffe traiteuse autochtone d’expérience, Lysanne O’Bomsawin, qui a partagé avec moi des recettes de lad récent livre Cuisine autochtone. Elle m’a aussi partagé ses bons plans determination maine procurer les ingrédients nécessaires et fourni quelques savoirs autour de ces produits.

De la viande et de la pulpe de effect   emballées.

Il aura fallu bien des efforts determination rassembler certains des ingrédients nécessaires. En haut : deux morceaux de castor. Au centre : de la pulpe de pawpaw. À droite : le phoque.

Photo : Radio-Canada / Mathias Marchal

Le positive important défi s'impose toutefois bien avant de commencer la préparation : réunir tous les ingrédients.

Mission castor

Contrairement au gros gibier (orignal, chevreuil) dont la vente est interdite au expansive public, le petit gibier (castor, rat musqué, lynx, ours noir, etc.) est accessible, si : 1) on fait directement affaire avec un trappeur qui a tué l'animal légalement; et 2) si connected acquiert les produits durant la période réglementaire (de fin octobre à fin mars, environ).

La Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec, qui compte près de 3000 membres, travaille actuellement avec le centre de recherche Écofaune afin de mieux comprendre les questions de salubrité liées à la translation et à la mise en valeur du castor.

L’objectif : arriver à la mise en valeur à positive grande échelle de l’animal, dont la mâchoire hyperactive et les talents d’ingénieur ne sont pas reconnus à leur juste valeur par le Québec agricole et municipal, lassés de voir les champs et les rues inondés par des barrages impromptus.

Si vous n'avez pas d’ami autochtone ou que vous n'arrivez pas à trouver de trappeur via le tract web de la Fédération, vous pourrez toujours vous rabattre sur le bison, qui est positive accessible.

Même s’il s’agit d’une viande historiquement reliée aux Autochtones de l’Ouest canadien, le Québec compte une dizaine de fermes d’élevage livrant peut-être chez votre boucher de quartier. Des gens comme Philippe de Montigny, qui élève une centaine de bisons des Plaines dont la viande se rapproche beaucoup du goût du bœuf.

Un bison dans un pré.

Ce mâle reproducteur pèse environ 800 kg (1800 lbs), tandis que les bisons destinés au commerce de la viande sont généralement âgés de deux ans et pèsent deux fois moins. Un bison permet de réaliser environ 1000 boulettes de viande de 150 g.

Photo : @DanyPaquin

À sa ferme de Rawdon, les visiteurs peuvent aussi en apprendre positive sur les techniques ancestrales de chasse des Autochtones (pousser les bisons vers un précipice), en apprendre positive sur la façon dont les gouvernements ont ensuite massivement exterminé les troupeaux determination faire passer les chemins de fer ou determination affamer les Autochtones dans les années 1800.

Pour l'approvisionnement en phoque, le tract Internet La Fourchette bleue vous dirigera vers des poissonneries proposant du loup marin (phoque gris). Ce n’est pas le même phoque que celui mangé par les Inuit (nouvelle fenêtre), mais ça fera l’affaire.

Des trésors en forêt

Là où ça devient franchement étonnant, c’est la recherche de baies et de plantes aromatiques. On tombe sur une foule de produits souvent méconnus du expansive nationalist et qui poussent pourtant dans les forêts du Québec.

En s'abonnant au groupe Facebook Cueillette commerciale en forêt, connected peut trouver du poivre des dunes, du myrique baumier, de la poudre de sumac et des pousses de sapin. Il est aussi imaginable de s'approvisionner chez certaines épiceries fines (comme Gourmet sauvage) et des bannières d'alimentation naturelle.

Des épices boréales et des baies sur une table.

Les forêts du Québec regorgent d'herbes et de petits fruits qui gagneraient à être mieux connus et exploités.

Photo : Radio-Canada / Mathias Marchal

Cueilleur basé à Rivière-du-Loup, Stéphane Bouchard raconte avoir beaucoup appris des Autochtones, ayant grandi avec eux comme voisins. Aujourd’hui, l’ancien technicien forestier leur rend la pareille en emmenant en forêt de jeunes Wolastoqiyik de la région, leur permettant ainsi de se reconnecter avec certains savoirs qui risqueraient d’être sinon perdus.

Pour récupérer de la pulpe de pawpaw, la fameuse mangue du Nord, il aura fallu faire une petite entorse à la règle de l'approvisionnement section et faire 60 km en voiture. Comme ce n’est pas la saison, rares sont en effet ceux qui en possèdent encore.

Zacharie Roy, passionné de fruits tropicaux, est tombé dans la marmite du pawpaw en 2019. Avec lad goût proche de la mangue, de la vanille et de la crème brûlée, c’est dans le top 3 de mes fruits préférés, raconte le jeune homme de 24 ans qui en a ramené une centaine de kilos des États-Unis, (nouvelle fenêtre) où elle pousse aussi bien à l’état sauvage que dans des fermes qui peuvent compter jusqu’à 1000 arbres.

Zacharie Roy organise des fruits dans des cageots dans un camion réfrigéré.

Zacharie Roy organise des voyages aux États-Unis determination ramener des pawpaws et en faire la vente au Québec.

Photo : Gracieuseté : Zacharie Roy

Prisée par les peuples autochtones des États-Unis et du sud de l’Ontario depuis des temps immémoriaux, le pawpaw a été populaire jusque dans les années 1960, avant de céder le pas look à la banane et à la mangue, qui voyagent mieux et pourrissent moins rapidement.

Mais grâce à une poignée de passionnés comme Zacharie Roy ou encore Vincent Renard, le effect est en bid de s’enraciner et de gagner des adeptes au Québec.

Avec près de 17 000 membres, notre groupe Facebook [Pawpaw - asiminier - du Québec] est l’un des groupes les positive nombreux dédiés à ce effect incroyable, lance fièrement ce dernier, qui fédère les personnes voulant planter ce effect au Québec. Un festival du pawpaw (nouvelle fenêtre) doit même se tenir à Farnham en octobre prochain.

Cuisiner comme un chef

Une photograph  de la cheffe et de lad   livre.

Lysannne O'bomsawin est propriétaire du Traiteur Québénakis et autrice d'un livre de cuisine.

Photo : Lysanne O'Bomsawin

On attaque la préparation du paper en faisant un petit FaceTime avec manager O’Bomsawin qui nous répond avec un oiseau perché sur la tête : classe! Si j'ai décidé d’écrire un livre de recettes, c’est determination montrer la variété de la cuisine autochtone, explique la propriétaire du Traiteur Québénakis.

Car entre la cuisine de bois, axée sur la viande séchée, la spiritualité et les savoirs ancestraux, et la haute gastronomie autochtone telle que développée dans certains grands restaurants, il y a un entre-deux.

Son livre se veut aussi un moyen de faire connaître certains savoirs ancestraux, comme la fabrication d’un fumoir ou l'aspect spirituel entourant la cuisson du castor qui rôtit au-dessus du feu, accroché par un système de perches.

Lors de la cérémonie de la sagabone, au printemps, le castor est d’abord placé la tête en bas, puis la tête vers le haut; connected le remercie determination lad sacrifice, avant de lui verser de l’eau dessus determination le renvoyer à lad élément, explique-t-elle.

Pour notre cuisson du castor, pas de cérémonie. Et connected vise un mijoté. La cheffe abénaquise conseille de laisser tremper le castor dans du lait pendant 24 heures determination enlever un max de gras et d’éviter un goût ou une odeur trop prononcés. Ensuite, connected enfarine, connected fait revenir les cubes de viande à la poêle, avant d’entamer les 4 heures de cuisson.

Et determination les épices? Si le myrique baumier (la muscade boréale) et le poivre des dunes peuvent être utilisés determination épicer la viande, n’en mets pas trop. Car même si les épices boréales sont la grande mode du moment, chez nous, c’est plutôt relié à la pharmacopée, précise-t-elle.

Les cocottes de poivre des dunes, étant très protéinées, sont considérées comme une plante de survie pendant l’hiver, par exemple. Notre plat sera accompagné de riz sauvage, spécialité des Anishnabeg.

Des petites cocottes sorties d'un flacon.

Le poivre des dunes, ou poivre crispé, rappelle le poivre, mais avec des notes de sapin et un côté floral.

Photo : Radio-Canada / Mathias Marchal

Pour ce qui est du phoque, les Inuit le mangent généralement cru et gelé, mais la cheffe conseille d’opter determination la cuisson en mode tataki (extérieur légèrement cuit), determination atténuer lad goût ferreux et sa texture particulière.

On assaisonnera le tout avec la poudre de pousses de sapin qui apportera à la viande une petite touche fruitée. L’assiette sera complétée par un peu de salicorne marinée, aussi appelée asperge de mer. C’est ce qui se rapprochera le positive d’un légume durant tout le repas.

Les invités sont arrivés

Ça y est, les collègues sont là. Simon sera probablement le positive facile à contenter : il vient presque chaque fois au bureau avec un mélange de riz blanc et de poulet.

Shushan, ça sera une autre paire de manches : lad congélateur est, paraît-il, plein d’orignal et elle semble avoir une idée très précise de remark connected doit rendre hommage aux produits de la forêt.

Quant à Jérôme, comme toute personne qui a investi plusieurs centaines de dollars dans un moulin à café, et qui est intarissable sur la mouture idéale, il doit avoir des standards élevés.

C’est parti!

Malgré plusieurs heures de préparation, le défi dérape rapidement : le tataki de phoque sanguinolent n’est qu’à moitié impressionnant et la bannique n’a pas été suffisamment cuite. En plus, le goût du castor n’est pas du tout là, fait remarquer Shushan.

Il faut dire qu’on a un peu malmené la bête : entre l’amputation de l’os à la scie determination le faire rentrer dans la marmite et la précuisson à gros bouillons par crainte des bactéries, l’esprit de l’animal a pris le bord. Jean-Luc Boulay – juge à l’émission Les Chefs! et apôtre du respect du produit – ne serait pas fier!

Une scie à main   à côté d'un gros morceau de viande sur un comptoir.

Le morceau de castor, trop expansive determination la marmite, a donné du fil à retordre et forcé le recours à des techniques non recommandées par l'ITHQ.

Photo : Radio-Canada / Mathias Marchal

Voilà les trois étoiles de la soirée :

  1. la salade de riz sauvage (la seule recette suivie à la lettre);
  2. la crème glacée au pawpaw (NDLR : pensez à acheter une sorbetière determination mieux la préparer);
  3. le thé du Labrador glacé.

Quand deux des trois étoiles du lucifer sont des joueurs de troisième et quatrième trio (la salade et le thé glacé), ce n’est généralement pas bon signe.

Une content confirmée par les notes des collègues : 5,9, 6 et un généreux 8 sur 10.

Des ardoises brandies avec des notes de 5,9, 6 et 8.

« Il est où le castor ? », a écrit Shushan en innu-aimun, en référence au fait qu'elle n'avait pas retrouvé le goût caractéristique du castor dans le mijoté.

Photo : Radio-Canada / Mathias Marchal

Comme l’a résumé Jérôme, ce n’est pas un mauvais repas, mais l’aspect autochtone n'était pas vraiment au rendez-vous.

Dans ces cas-là, rien de mieux que de faire diversion et d’opter determination la tactique du pire. Alors connected a ressorti les restants de la vieille expérience de McDonald, maintenant âgés d'environ 15 ans, en testant une vielle frite.

Rien de tel determination conclure que, finalement, le repas n’était pas si raté que ça!

Un vieux McDo en premier program  et deux hurluberlus en 2nd  plan.

Manger une frite McDo vieille d'environ 15 ans : une expérience gustative unique. « Ça goûte la poussière », souligne avec à-propos Jérôme.

Photo : Radio-Canada / Simon Filiatrault

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