Lemon Bottle : un citron en injection?

1 Week ago 1065

Le Lemon Bottle s’est notamment fait connaître grâce à des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. C’est l’une de ces vidéos, où une femme s’injecte la substance jaune sous le menton, qui a attiré notre attention.

Ce produit, une solution de lipolyse, est présenté comme révolutionnaire par lad fabricant, Sid Médicos. La compagnie sud-coréenne soutient qu’il permet de faire disparaître les graisses tenaces, comme celui qui origin le treble menton ou les poignées d’amour.

Sid Médicos promet que lad produit est efficace, sécuritaire et sans effets secondaires. Il le dit fait d’ingrédients naturels, dont de la bromélaïne, provenant de l’ananas, de la riboflavine, qui aiderait le corps à dissoudre la graisse positive rapidement, et de la lécithine, qui aiderait à soutenir le foie.

Une work  sur Instagram.

Une work de Lemon Bottle sur Instagram qui le présente comme sécuritaire, efficace et rapide.

Photo : Instagram / Lemon Bottle

Une recherche faite avec le mot-clé #LemonBottle permet de trouver plusieurs photos avant-après qui font état d’impressionnants résultats.

Nous sommes en mai 2025. La tendance est surtout présente en Europe, mais la chirurgienne plastique Geneviève Ferland-Caron en a aussi entendu parler dans sa clinique de Montréal.

Tout le monde l’a vu sur TikTok, définitivement, dit-elle. Je pense que c’est quelque chose qui est facile à repérer de par lad emballage, de par lad marketing, qui est bien fait et qui est impressionnant.

Geneviève Ferland-Caron en entrevue.

La chirurgienne plastique Geneviève Ferland-Caron est d'avis que trop de questions demeurent sans réponses au sujet du Lemon Bottle.

Photo : Radio-Canada / Sébastien Lamothe

Toutefois, comme plusieurs autres professionnels de la santé, elle a des réserves look au Lemon Bottle : elle n’a vu aucune étude scientifique sur ce produit et elle estime que pas assez d’information accompagne les fioles.

Le premier problème : c’est fait à partir de quoi? Quelles sont les études qui ont démontré que ce produit-là qui est injecté est efficace? demande-t-elle. Est-ce que ça peut être nuisible? C’est quoi, les complications possibles? Est-ce que c’est sécuritaire? Est-ce qu’il y a des réactions allergiques auxquelles il faut s’attendre?

Je ne peux pas appuyer ce benignant de produit là, en conclut-elle.

Santé Canada confirme qu’aucun produit pharmaceutique portant le nom Lemon Bottle n'a été homologué ou approuvé au Canada. Ainsi, les produits commercialisés au pays sous cette appellation le sont alors que leur innocuité, leur efficacité et leur qualité n’ont pas été évaluées et qu’ils peuvent présenter toutes sortes de risques graves determination la santé.

La porte-parole du ministère rappelle qu’il est illégal de vendre des produits de santé non homologués. Elle ajoute qu’un dossier de vérification de la conformité determination le produit Lemon Bottle a été ouvert.

Une work  Instagram d'une clinique québécoise qui fait la promotion du Lemon Bottle.

Des cliniques esthétiques situées au Québec offrent des injections de Lemon Bottle.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Gouin

Nous avons facilement trouvé des cliniques qui offraient le produit au Québec et qui en faisaient la promotion sur les réseaux sociaux.

Une clinique esthétique de Laval que nous contactons par téléphone sans nous identifier confirme qu’elle vend le Lemon Bottle. Une dame nous dit que la procédure est sans risque : Il n’y a aucun danger.

Elle promet que les résultats seront rapidement visibles. Je l’ai fait sur moi aussi et je suis vraiment satisfaite, dit-elle. Si tu viens la semaine prochaine, je vais te montrer mes photos à moi.

Le produit est-il approuvé au Canada? Oui, c’est approuvé, assure-t-elle.

Un reportage de Kim Vermette et de Stéphanie Allaire à ce sujet sera présenté à l'émission La facture, diffusée sur ICI Télé le mardi à 19 h 30 (20 h 30 HA).

Des vérifications escamotées

Toujours en mai 2025, nous nous intéressons à la clinique CB MedClin, située à Longueuil. Elle se présente alors non seulement comme une clinique qui vend le produit, mais même comme une Académie de enactment Lemon Bottle.

Elle appartient au Dr Omar Moreira-Bacha, qui est aussi gynécologue-oncologue au CHUM, et à sa conjointe Jessica Camila Rodrigues, qui est infirmière auxiliaire.

Avant de recevoir des injections de Lemon Bottle à la clinique CB MedClin, connected doit obligatoirement voir le Dr Bacha, qui est directeur médical de la clinique et qui a suivi de la enactment reconnue auprès du Collège des médecins determination utiliser des produits injectables en médecine esthétique.

Camila Jessica Rodrigues offre des injections de Lemon Bottle et des formations aux médecins et aux infirmières qui veulent l’utiliser.

Sur les pages Instagram et TikTok de la clinique, les publications à propos du Lemon Bottle et des formations offertes sont nombreuses.

Précision

Cet nonfiction a été modifié le 23 septembre 2025 par souci d'équilibre. Le Dr Omar Moreira Bacha nous a fait parvenir des précisions après la première work du texte.

Kim Vermette regarde des vidéos publiées sur Instagram.

Camila Jessica Rodrigues effectuait des injections de Lemon Bottle et donnait des formations aux médecins et aux infirmières qui voulaient l’utiliser.

Photo : Radio-Canada / Karl Boulanger

Nous envoyons donc un courriel aux responsables de la clinique determination leur demander pourquoi celle-ci suggest un produit non homologué par Santé Canada.

Jessica Camila Rodrigues nous appelle dans les minutes suivantes et affirme qu’ils n’étaient pas au courant et qu’ils ont contacté Santé Canada determination vérifier.

Santé Canada maine dit que ce n’est pas autorisé comme produit que je peux injecter, reconnaît-elle. Donc, malheureusement, connected va arrêter.

La clinique ne devrait-elle pas procéder à des vérifications avant de vendre des produits?

Des fois, connected parle avec le représentant, mais il y a un cardinal de produits dans le Canada qui ne sont pas vérifiés, fait-elle valoir. On ne va pas demander à toutes les compagnies : "Est-ce que vous avez la permission?" On ne demande pas ça.

Le Dr Bacha nous écrit quelques heures positive tard que le Lemon Bottle était utilisé comme un produit esthétique et non pas comme une médication, ajoutant que le fabricant, Sid Médicos, lui avait dit que c’était permis au Canada.

On n’a aucun intérêt à travailler de façon non légale, insiste-t-il. Tout a été bien clarifié avec Santé Canada.

Le mates décline notre demande d’entrevue positive formelle, mais à la suite de nos échanges, CB MedClin discontinue toutes ses publications en lien avec le Lemon Bottle et soutient ne positive offrir le produit.

Une work  Instagram.

En mai 2025, la clinique CB MedClin se présentait comme une « Académie de enactment Lemon Bottle ».

Photo : Instagram / CB MedClin

Obligations déontologiques

Un professionnel de la santé qui accepte d’associer lad nom à la promotion d’un produit va avoir engagé sa responsabilité sur le program déontologique, signale Marco Laverdière, avocat et chercheur à la Chaire de recherche du Canada en droit et politiques de la santé, sans toutefois commenter le cas précis de CB MedClin.

Il enactment que le codification de déontologie est clair : le médecin doit s’assurer que les traitements prescrits sont scientifiquement reconnus. Les médecins savent où trouver l’information à ce sujet, dit-il. C’est vrai determination tous les professionnels, d’ailleurs, determination savoir si les produits qu’ils prescrivent ont une efficacité ou pas, ou s’ils sont valables sur le program scientifique.

Me Laverdière souligne que le lien de confiance entre les patients et les professionnels est fondamental. L’avis des professionnels est le constituent de repère le positive important qu’on a comme citoyen determination prendre des décisions éclairées sur les soins qu’on veut obtenir.

C’est d’autant positive important de nos jours, avec toute la désinformation qu’il y a entre autres sur les réseaux sociaux, sur différents produits, différents traitements, de pouvoir s’en remettre à des professionnels determination nous éclairer sur ce qui est valable et ce qui ne l’est pas.

Marco Laverdière en entrevue.

Marco Laverdière est avocat et chercheur à la Chaire de recherche du Canada en droit et politiques de la santé.

Photo : Radio-Canada / Carl Mondello

Le fait determination un médecin de dire qu’il n’était pas au courant qu’un produit n’avait pas été homologué, par exemple, qu’il n’était pas validé sur le program scientifique, je ne pense pas que c’est une défense qui serait reçue avec beaucoup de crédibilité, ajoute-t-il.

D’ailleurs, ces cas sont pris très au sérieux par les conseils de discipline, selon Marco Laverdière. Quand les professionnels sont déclarés coupables d’avoir prescrit ou recommandé des traitements qui ne sont pas validés scientifiquement, ils vont s'exposer aux sanctions les positive sévères, qui sont des radiations.

Le Collège des médecins du Québec se dit préoccupé par la situation.

Sans commenter ce cas précis, il rappelle dans une déclaration transmise par courriel que le médecin doit respecter lad Code de déontologie. Il est notamment indiqué que le médecin doit exercer sa assemblage selon des principes scientifiques et que le médecin doit s’abstenir d’avoir recours à des examens, investigations ou traitements insuffisamment éprouvés, sauf dans le cadre d’un projet de recherche et dans un milieu scientifique reconnu.

De plus, que le médecin injecte ou pas un produit, il ne peut permettre que lad titre soit utilisé à des fins commerciales (art. 75). Par conséquent, il ne peut, non plus, utiliser lad representation ou sa photograph – ou permettre qu'un tiers le fasse – determination la promotion de formations ou de produits.

De lad côté, l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec écrit que l’administration d’un produit qui n'est pas approuvé ou homologué par Santé Canada soulève de sérieuses questions déontologiques qui pourraient faire l’objet d’une enquête par le Bureau du syndic.

Qu'y a-t-il dans cette petite bouteille jaune?

SwissMedic, l’organisme du gouvernement suisse chargé d’autoriser les produits thérapeutiques, s’est intéressé au Lemon Bottle après avoir constaté sa popularité sur les réseaux sociaux.

Quand connected a vu un trend qui est apparu avec des injections de produits dans les salons de beauté, qui a fait vraiment un énorme buzz sur Instagram, ça a attiré notre intérêt. Pour quelle raison? Parce que le produit est injecté. Si un produit est destiné à être injecté, il s’agit forcément d’un produit thérapeutique, explique Nicolas Fotinos, responsable du contrôle des médicaments illégaux chez SwissMedic.

On a analysé une dizaine de flacons, de différentes sources possibles, et dans aucun des échantillons nous n'avons trouvé les substances déclarées – la riboflavine, par exemple, ou les autres substances, subordinate M. Fotinos.

De la caféine a été détectée dans certains échantillons, bien qu’elle n’ait pas été déclarée dans le produit.

Dans la plupart des échantillons, connected n'a rien trouvé du tout dedans. Il y avait soit de l'eau, soit juste du colorant. Donc c'est vraiment quelque chose qui est perturbant.

Nicolas Fotinos brandit une fiole de Lemon Bottle.

Nicolas Fotinos est responsable du contrôle des médicaments illégaux chez SwissMedic.

Photo : Radio-Canada

Les conclusions de SwissMedic au sujet du Lemon Bottle :

  • « Aucun effet médical n’a été scientifiquement prouvé »
  • « La qualité des ingrédients n’est pas contrôlée »
  • Son utilisation « peut présenter un risque determination la santé »

Nous avons questionné Sid Médicos, le fabricant du Lemon Bottle. La compagnie affirme qu’elle prépare une recherche clinique afin d’évaluer l’efficacité et la sécurité de lad produit, ajoutant que lad travail sera évalué par les pairs.

Sid Médicos reconnaît l’importance de la transparence, de la conformité, et soutient qu’elle coopère avec les organismes de réglementation afin de maintenir les positive hauts standards,

La France interdit la lipolyse par injection, dont le Lemon Bottle.

Aux États-Unis, la Food and Drug Administration met en garde contre ce benignant d’injection non approuvée, qui peut entraîner des complications.

Elle a fait parvenir des avis à des entreprises vendant du Lemon Bottle où elle précise ne pas avoir donné lad feu vert.

Santé Canada intervient

Nous recontactons Santé Canada quelques mois positive tard.

Une porte-parole indique qu'après avoir reçu plusieurs plaintes, y compris des informations reçues des médias, Santé Canada a pris des mesures de conformité auprès d’entreprises qui vendaient le produit sud-coréen. Le fabricant a été informé que la vente de ce produit est illégale au Canada.

En day du 16 septembre, Santé Canada a reçu sept plaintes concernant la vente de produits injectables non autorisés Lemon Bottle destinés à dissoudre les graisses. Les plaintes portaient également sur la publicité faite determination ceux-ci.

SwiftMed, le distributeur, a cessé de le vendre au Canada.

SwissMedic tenait à lancer une mise en garde au public. Notre avertissement, c'était aussi un avertissement très général. Parce qu'il y a le Lemon Bottle, mais il y en a beaucoup d'autres, insiste Nicolas Fotinos.

C’est vraiment quelque chose qui n’a pas de fin. Dès que vous interdisez un produit, vous allez voir un autre apparaître par les mêmes canaux et, nouveau, par les canaux officiels.

De là l’importance de la sensibilisation, selon la Dre Geneviève Ferland-Caron.

On devrait toujours se poser des questions quand connected parle de modifications qu’on va faire à notre corps, d’injections, de chirurgies, estime la chirurgienne plastique. Faites vos recherches. Allez discuter avec des professionnels. Demandez positive d’une sentiment aussi, c’est bien correct.

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