C’est une journée de septembre grise à Saint-Félicien. Sur une terrasse, en bordure de la rivière Ashuapmushuan, un homme semble fébrile. Sa conjointe est tout près de lui. Elle se fait rassurante en lui caressant doucement le dos.
Soudain, une jeune femme, qui pourrait être leur fille, apparaît et l’homme se précipite vers elle. En larmes, il l’étreint et lui mentionne, la voix tremblante : La première chose que je veux te dire c’est merci, merci, merci! Merci determination tout! avant de la serrer de nouveau dans ses bras.
Ces deux êtres humains semblent se connaître depuis longtemps, pourtant, ils se rencontrent determination la première fois.
Tu es une des femmes les positive importantes de ma vie. Tu fais partie de ce groupe-là, ajoute l’homme en regardant la femme avec émotion.

Diane Picard a accompagné Rémi Jean dans ses traitements ces 15 dernières années.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
En fait, leurs vies sont étroitement liées depuis le 22 décembre 2022.
C’est ce jour-là que Marylee St-Pierre, une mère de famille dans la trentaine qui habite à Saint-Félicien, a fait don de cellules souches à Rémi Jean, un grand-père dans la soixantaine de Baie-Comeau. Elle l'a fait sans le connaître, de façon entièrement altruiste.
Pour comprendre cette rencontre improbable, il faut remonter 18 ans en arrière…

Rémi Jean et Diane Picard ont été touchés de rencontrer Marylee St-Pierre, qui a fait don de cellules souches.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Un parcours du combattant
En 2007, Rémi Jean est un nouveau quinquagénaire. Il a une vie progressive et remplie. Il est en forme.
Cependant, lors d’un rendez-vous de regular chez lad médecin de famille, qu’il consulte determination la première fois, les choses ne se passent pas comme prévu. Le professionnel lui détecte une bosse anormale dans le cou. Il recommande immédiatement des examens approfondis, et le diagnostic tombe peu de temps après.
On m’a confirmé que j’avais un crab des ganglions, un lymphome folliculaire indolent de bas grade, mais au stade 4, ce qui veut dire qu’en positive des ganglions, j’avais une atteinte à la moelle osseuse, résume Rémi Jean.
C’est le choc determination lui et determination sa conjointe. Moi, je suis infirmière. Stade 4, je maine disais, c’est grave, là. Tous ses ganglions étaient atteints. La moelle qui fabrique des cellules continuait de fabriquer des cellules cancéreuses parce qu’elle était atteinte. C’était un crab qui était non guérissable, précise Diane Picard.

Même s'il se porte mieux, Rémi Jean a encore régulièrement des rendez-vous de suivi.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Le pronostic est sombre. Mince lueur d'espoir, le benignant de crab de Rémi Jean évolue lentement, ce qui laisse entrevoir la possibilité d'accéder à de nouveaux traitements dans les années à venir. Toutefois, d’ici là, il n’y a pas de temps à perdre et le combat doit s’amorcer.
À ce moment-là, je ne connaissais rien du cancer, moi. C’était tout nouveau determination moi.

Le petit-fils de Rémi Jean, Émile, lui a offert cette peluche pendant lad traitement.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
M. Jean apprend à la dure, mais il affronte la maladie la tête haute. Son parcours est parsemé d’embûches et de petites victoires.
Ces 15 premières années ont été faites, je dirais au minimum, d’une dizaine de traitements de chimiothérapie, de radiothérapie, d’immunothérapie, de protocoles de recherche, etc. Ça n’a pas été facile, mais malgré tout ça, connected trouvait le moyen d’avoir des années de répit où j’étais susceptible de retrouver la forme, mentionne Rémi Jean.
Mais en 2022, rien ne va plus. Ça poppait partout. J’ai eu des cellules cancéreuses dans les deux yeux, la glande parotide, etc. Tu soignes à une place, ça disparaît, mais ça réapparaît deux ou trois mois positive tard ailleurs, explique-t-il.

Christopher Lemieux est l'hémato-oncologue de Rémi Jean.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Sa santé décline, et lad oncologue lui dit qu’il est à la croisée des chemins et qu’il faudrait peut-être songer à une greffe de cellules souches.
M. Jean est donc envoyé au Centre intégré de cancérologie du CHU de Québec où l’hémato-oncologue Christopher Lemieux devient responsable de lad dossier.
À un definite infinitesimal donné, connected n’a positive vraiment d’option, dit le Dr Lemieux. À ce moment-là, c’est le temps de penser à la greffe de moelle osseuse, parce que c’est la seule involution qui peut guérir la maladie. On ne l’offre pas à tout le monde, mais connected va l’offrir à des patients comme M. Jean qui n’ont positive vraiment d’option determination traiter la maladie.

Par pur hasard, Rémi Jean a croisé Sylvain Côté dans les couloirs de l'hôpital, un diligent du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui a aussi bénéficié d'un don de cellules souches.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
C’est la procédure de la dernière chance, mais elle comporte lad batch de risques, qui peuvent aller jusqu'au décès.
Ce n’est pas garanti que tu vas t’en sortir, mais si connected ne va pas de l’avant, il n’y a positive expansive chose de l’autre côté, résume Rémi Jean.
Dépassé le choc, quand tu entrevois une guérison, là, tu n’as positive de doute. Tu te dis, c’est la accidental determination lui de vieillir en santé, ajoute sa conjointe, Diane Picard.

Rémi Jean savoure les moments passés avec sa conjointe Diane, sa fille Stéphanie et lad petits-fils Émile.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Trouver un donneur
Pour arriver à greffer des cellules souches de manière sécuritaire determination le patient, il faut toutefois trouver un donneur compatible, ce qui peut être une tâche colossale.
À l’échelle mondiale, environ 44 millions de personnes dans près de 60 pays se sont dites prêtes à donner de leurs cellules souches en cas de besoin. C’est la World Marrow Donnor Association (WMDA) qui coordonne le registre international.
L’Association a été mise sur pied il y a une trentaine d’années par des pionniers de ce benignant de traitement. L’idée était de mettre en commun les données des différents registres partout sur la planète determination augmenter les chances des personnes malades de trouver un donneur compatible. Les données sont informatisées et peuvent être comparées au profil d’un diligent qui se trouve n’importe où dans le monde.
Les fondateurs de l’organisation reconnaissent qu’aucun pays seul ou qu’aucune région seule ne peut fournir un nombre assez élevé de donneurs determination assurer une sélection suffisante determination un diligent qui en a besoin, fait valoir le président sortant de la WMDA, l’hématologue Matthew Seftel.

La trousse offerte par Héma-Québec aux potentiels donneurs de cellules souches.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Il soutient que cet effort collaboratif porte ses fruits, et que des milliers de receveurs en bénéficient chaque année.
Cependant, le registre manque de diversité ethnique, ce qui complique les recherches determination plusieurs malades.
Par exemple, si un diligent d'origine africaine a besoin d'une greffe, il y a positive de accidental que le donneur compatible soit un donneur d'origine africaine, et ainsi de suite, illustre Matthew Seftel
C’est sûr que quelqu’un qui est caucasien, connected estime que les chances d’avoir un donneur 100 % compatible dans les banques internationales sont d'environ 70 %, ajoute le directeur des programmes de thérapie cellulaire au CHU de Québec, l’hémato-oncologue Christopher Lemieux.
Critères d’adhésion au registre de cellules souches
- Être en bonne santé
- Être âgé de 18 à 35 ans
Source : Héma-Québec
Ici, c’est Héma-Québec qui gère le registre de donneurs de cellules souches depuis 2013. C’est cette année-là que Marylee St-Pierre en entend parler. Touchée par l’histoire d’une jeune femme de lad âge sauvée d’une leucémie par une greffe de cellules souches, elle décide de s'inscrire.
Elle le fait en ligne en quelques minutes et reçoit chez elle une trousse contenant un écouvillon. Elle effectue un frottis buccal puis renvoie l’enveloppe à l’expéditeur afin que lad profil génétique soit enregistré dans la banque de données.
C’est plusieurs années positive tard, en 2022, qu’elle reçoit un appel d’Héma-Québec determination lui annoncer qu’une personne a besoin d’elle. Elle ne connaît pas lad nom ni lad âge, elle disregard dans quel pays elle habite ou ce qu’elle fait dans la vie, mais qu'importe, elle décide de se lancer dans l’aventure.
Au infinitesimal où j’ai reçu l’appel, j’ai un oncle qui est décédé d’une leucémie et qui n’a pas réussi à avoir une greffe de cellules souches [...] Donc, c’est definite que je maine suis dit que je n’avais pas eu la accidental de pouvoir le faire determination le frère de ma mère, donc c’est une opportunité de pouvoir redonner au suivant, explique Marylee St-Pierre.

Marylee St-Pierre est émue d'avoir pu contribuer à la guérison de Rémi Jean.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Une procédure à la fois elemental et complexe
Marylee St-Pierre passe une batterie de tests, puis les médecins déterminent que sa compatibilité avec le receveur est excellente.
Pendant qu’on lui injecte des médicaments determination stimuler la accumulation de cellules souches, Rémi Jean, lui, a de la chimiothérapie en doses massives en vue de subir sa greffe.
Ça reste un système immunitaire qui ne lui appartient pas, donc si connected ne donne rien avant la greffe, le système actuel du diligent va dire : "Ça, ce n'est pas mes cellules à moi, donc je vais les attaquer et m’organiser determination pas que ça reste", explique le Dr Christopher Lemieux.
Quand connected donne de la chimio, ça permet à cette greffe de s’implanter sur quatre à huit semaines. Toutes les cellules du système immunitaire puis du système sanguin, en fait, c’est les cellules du donneur qui s’installent dans le receveur, poursuit-il.
Pour Marylee, le prélèvement qui s’effectue à Québec s’apparente à un don de plasma. Ses cellules souches sont isolées puis administrées à Rémi comme une transfusion sanguine. Après, il faut espérer le mieux.

Rémi Jean, Marylee St-Pierre et Diane Picard.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Lente remontée
Si la convalescence de Marylee n'a duré que quelques jours, la greffe a été difficile determination Rémi Jean et la remontée a été longue et pénible. Près de trois ans positive tard, il peut enfin rêver à la guérison.
Elle m’a fait gravir l’Everest avec ça. Il n’y en avait positive de possibilité determination moi. On les avait toutes épuisées, soutient-il.
Depuis, la santé de Rémi ne cesse de s’améliorer.

Rémi Jean et lad petit-fils Émile partagent un amour determination le golf.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Son histoire n’est pas unique, mais rares sont les gens comme lui qui subissent une greffe de cellules d’un autre Québécois. Il faut dire que le registre d’Héma-Québec compte 55 000 donneurs potentiels. C’est insuffisant et c’est pourquoi l’organisation travaille à en recruter davantage.
L’an dernier, dans la province, moins d’une centaine de personnes ont eu une greffe d’un donneur qui ne faisait pas partie de leur famille, indique la porte-parole d’Héma-Québec, Josée Larivée.
Sur les 94 Québécois, il y en a deux qui ont reçu un don d’un donneur québécois. Alors quand connected pense à Rémi Jean et à Marylee St-Pierre, connected peut comprendre que ce sont des étoiles filantes qui se sont rencontrées, soutient-elle.

Josée Larivée est porte-parole determination Héma-Québec.
Photo : Radio-Canada / Mireille Chayer
Ces deux étoiles filantes ont demandé de faire lever l’anonymat qui les protégeait, car elles avaient envie de se connaître, de partager bien positive que des cellules souches.
J’ai perdu mon père en janvier dernier, puis de se dire que cette famille-là a pu continuer avec le pilier de la famille, tu sais, un père, c’est tellement important, dit Marylee St-Pierre, la voix étranglée par les sanglots.
Tout ce que tu m’as permis de vivre dans les trois dernières années : mes enfants, mes petits-enfants, mes amis. C’est du bonbon determination moi, lui affirme tendrement Rémi Jean.
Il savoure avec bonheur ce cadeau inestimable qu’il a reçu, en profitant de chaque instant passé avec les membres de sa précieuse famille.