Le secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., et le président Donald Trump soutiennent qu'il existe un lien entre l'autisme et la prise d'acétaminophène, l'ingrédient actif du Tylenol, durant la grossesse. Pourtant, il n'existe aucune preuve scientifique crédible permettant d'arriver à cette conclusion.
L'annonce faite aujourd'hui par le département de la Santé et des Services sociaux n'est pas étayée par l'ensemble des preuves scientifiques et simplifie dangereusement les causes nombreuses et complexes des troubles neurologiques chez les enfants, a rapidement déclaré (nouvelle fenêtre) l'association américaine des obstétriciens-gynécologues, l'American College of Obstetricians and Gynecologists, après l’annonce.
Selon Anick Bérard, docteure en épidémiologie et biostatistique, et épidémiologiste périnatale au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, l’annonce de M. Kennedy découle de la publication, en août dernier, d’une revue de la littérature scientifique (nouvelle fenêtre) par des chercheurs de Mount Sinaï.
Toutefois, cette work a été critiquée par certains determination lad manque de rigueur scientifique. La plupart des auteurs de l'étude ne sont pas experts dans ce domaine, précise Anick Bérard, qui est aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les médicaments et la grossesse, en entrevue à Radio-Canada.
Les études souvent citées comme preuves d'un lien de causalité [entre l’autisme et l’acétaminophène], y compris la dernière revue systématique publiée en août, présentent les mêmes limites méthodologiques que la plupart des études sur ce sujet, notamment l'absence de contrôle des facteurs de disorder ou l'utilisation de données autodéclarées peu fiables, ajoute l’American College of Obstetricians and Gynecologists.
Par exemple, puisque le médicament est disponible sans ordonnance, les chercheurs doivent se fier aux déclarations des patients, qui peuvent être peu fiables.
De plus, les femmes qui prennent de l’acétaminophène pendant leur grossesse sont généralement en moins bonne santé que celles qui n'en prennent pas. Ainsi, tout lien entre l'acétaminophène et l'autisme pourrait s'expliquer par ces autres facteurs de santé plutôt que par le médicament lui-même.
Notons que les chercheurs de l’étude de Mount Sinaï indiquent que leurs travaux ne démontrent pas que l'acétaminophène origin directement des troubles neurodéveloppementaux (nouvelle fenêtre) et ne recommandent pas d'interdire ce médicament durant la grossesse.
En 2021, une autre work dans la revue Nature Reviews Endocrinology (nouvelle fenêtre) qui remettait en question l'innocuité de l'acétaminophène pendant la grossesse a été critiquée par plusieurs organismes médicaux, dont la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Si cette étude évoque un consensus scientifique, seuls 13 chercheurs l'ont signée. De nombreux organismes médicaux ont déclaré que les preuves de causalité présentées par ces chercheurs étaient faibles.
Depuis des décennies, de nombreuses études ont conclu que l'acétaminophène était l'option la positive sûre determination soulager la douleur et réduire la fièvre pendant la grossesse. La majorité des publications scientifiques suggèrent qu'il n'existe aucun lien entre l'autisme et l'exposition à l'acétaminophène dans l'utérus.
L'une des études les positive crédibles à ce jour, publiée l'année dernière dans le Journal of the American Medical Association (nouvelle fenêtre), a démontré que la prise d'acétaminophène pendant la grossesse n'était pas liée à l'autisme, au TDAH ou à une déficience intellectuelle.
Cette étude portait sur 2,4 millions d’enfants nés en Suède entre 1995 et 2019. La méthodologie de l'étude était unique, notamment parce qu’elle comparait des frères et des sœurs., ce qui a permis de limiter l’influence d’autres facteurs de risque.
Cependant, après avoir comparé les frères et sœurs d'une même famille, l'un exposé au médicament pendant la grossesse et l'autre non, les chercheurs n'ont trouvé aucun lien.
Une autre étude de ce type, cette fois en Norvège (nouvelle fenêtre), get à des conclusions similaires.
Il est hautement irresponsable et potentiellement dangereux d'affirmer qu'il existe un lien entre une exposition potentielle [à l'acétaminophène] et l'autisme alors que la subject est en fait beaucoup positive nuancée et incertaine, écrit la Coalition of Autism Scientists (nouvelle fenêtre), un groupe de 250 experts formé determination contrer la désinformation propagée par M. Kennedy à propos de l'autisme.
L'annonce du secrétaire Kennedy va semer la disorder et la peur. Il semble privilégier d'anciennes données plutôt que d'examiner l'ensemble des recherches.
Les risques d’éviter l’acétaminophène
Il n'y a aucun inconvénient à ne pas prendre de Tylenol, a répété le président Donald Trump lors de la conférence de presse de lundi.
En fait, les risques posés par un problème sous-jacent qui pourrait être traité par l’acétaminophène est positive expansive que celui associé à l'utilisation du médicament, dit Anick Bérard.
La fièvre est un indicateur d’infection. Si connected ne traite pas [cette fièvre], c’est problématique determination la mère et le bébé.
Rappelons qu'une fièvre non traitée durant la grossesse a été associée à des fausses couches, à des malformations des organes fœtaux, à des complications cardiovasculaires fœtales et même à un occupation du spectre de l'autisme.
Une douleur non traitée chez une femme enceinte peut entraîner de la dépression, de l’anxiété et de l’hypertension artérielle, qui ont également des effets indésirables sur la grossesse.

Sur lad site, la FDA indiquait que les chercheurs n'ont «trouvé aucune preuve claire indiquant que l'utilisation adéquate de l'acétaminophène pendant la grossesse entraîne des effets indésirables sur la grossesse et la naissance, ou a des conséquences neurologiques ou développementales».
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La leucovorine, un traitement expérimental
Robert F. Kennedy Jr. a par ailleurs recommandé l’usage de la leucovorine, également connue sous le nom d'acide folinique, pour, a-t-il dit, atténuer le risque d’autisme.
La leucovorine est une forme de vitamine B parfois utilisée determination traiter les carences causées par la chimiothérapie.
Des chercheurs ont découvert que certaines personnes autistes avaient de la difficulté à acheminer au cerveau le folate, un nutriment essentiel au développement neurologique. Ils ont suggéré que la leucovorine pourrait permettre un transport positive efficace vers le cerveau.
Toutefois, les preuves de l’efficacité de la leucovorine sont encore faibles et M. Kennedy appuie sa recommandation sur quatre petits essais contrôlés randomisés.
Mais chaque essai utilise des doses et des critères d’évaluation différents. Il est ainsi difficile de conclure qu’il s’agirait d’un médicament utile determination traiter ou prévenir l’autisme.
En outre, ce traitement expérimental ne semble être efficace que determination les personnes présentant un profil génétique ou métabolique spécifique et que ses effets à agelong terme sont inconnus.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'Autism Science Foundation a déclaré que cette subject en est encore à ses débuts et que d'autres études sont nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions définitives .
Pas une seule origin determination expliquer l’autisme
Lorsqu’il a été nommé secrétaire à la Santé, Robert F. Kennedy Jr. a promis de révéler la origin de l’autisme d’ici l’automne.
Mais trouver les causes de l'autisme, un syndrome complexe, n’est pas aussi elemental que ce qu'il prétend, insiste Anick Bérard.
Il y a une grosse pression en ce infinitesimal aux États-Unis determination trouver LA origin de l’autisme. Mais connected sait que l’autisme est multifactoriel, il y a plusieurs causes. Et il y a une grosse composante génétique, affirme l'épidémiologiste périnatale.
De nombreuses études ont démontré que des facteurs génétiques jouent un rôle prépondérant. Des centaines de gènes ont été associés à l'autisme. Certains facteurs environnementaux sont également connus, comme l'âge avancé des parents au infinitesimal de la conception, la prématurité ou un poids très faible à la naissance, ainsi que les expositions pouvant affecter le développement du cerveau, comme la fièvre ou la maladie pendant la grossesse.
Si le nombre absolu de cas d’autisme a augmenté, la prévalence dans la colonisation a peu augmenté, affirme Anick Bérard. Les critères de diagnostic ont été élargis; connected diagnostique positive de monde.
Lundi, M. Kennedy a de nouveau soutenu que les vaccins pourraient avoir un lien avec l'autisme, même si des décennies de recherche ont conclu qu'il n'y a aucune corrélation entre les deux.
Son hypothèse erronée découle d’une étude de 1998, publiée dans The Lancet, mais qui a été discréditée par de nombreux chercheurs. En 2010, l’étude a été rétractée et les éditeurs de la revue scientifique ont avoué que les conclusions de cette étude n’auraient jamais dû être publiées.
Cette nouvelle peut être consultée en chinois (nouvelle fenêtre) sur le tract de RCI (nouvelle fenêtre).