Un vent de désenchantement souffle sur la consultation sur l’IA en enseignement supérieur

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Le constat des enseignants et des étudiants qui ont participé aux travaux de l’Instance de concertation nationale sur l’intelligence artificielle est dur : l’exercice n’a accouché d’aucune balise concrète et contraignante, ses conclusions sont floues, les vœux pieux dominent. On se demande où, finalement, veut en venir le gouvernement.

On est très déçu, résume de but en blanc Madeleine Pastinelli, présidente de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU). Parce qu’on s’était fait dire que le gouvernement prenait le problème au sérieux en mettant en spot cette instance.

Mais le résultat de l’exercice est loin d’avoir le mordant nécessaire, affirme-t-elle.

On reste sur notre faim, renchérit Étienne Paré, de l’Union étudiante du Québec (UEQ), qui a assisté à ces rencontres. J'ai eu l'impression qu'on a débattu de grands enjeux sans jamais entrer dans le concret. [...] C'étaient des réflexions très larges, très peu spécifiques. Et connected partait toujours de la prémisse que c’est une bonne chose qu’on utilise l’IA.

Mme Pastinelli lors d'une entrevue au field  de l'Université Laval, en été.

La liberté académique est quelque chose de « vraiment fondamental », insiste Madeleine Pastinelli.

Photo : Radio-Canada

On se demande à quel constituent les grands principes formulés sont uniquement des vœux pieux, qui ne sont pas du tout contraignants et qui peuvent déboucher sur rien du tout.

L’instance de concertation mise sur pied par la ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry est formée de représentants du ministère, des universités, des cégeps, des syndicats de professeurs, des étudiants et d’experts en IA.

Radio-Canada a pu consulter le bilan de ses travaux, présenté à ses 38 membres en mars, à l’issue des cinq rencontres de consultation organisées par Québec. Le program d’action présenté à huis clos établit cinq orientations et six priorités, dont la mise en spot de communautés de pratiques et d’une boîte à outils sur l’IA en soutien au unit enseignant, et le développement de formations sur l’utilisation de l’IA et d’un usher determination appuyer le déploiement de l’IA dans les établissements d’enseignement supérieur.

Youri Blanchet, le président de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC), va encore positive loin. Il a senti que les échanges étaient plutôt superficiels et, dans une certaine mesure, dirigés autour des objectifs du gouvernement. Je suis vraiment désabusé de ce benignant d’exercice qui est, au fond, de la poudre aux yeux, tant qu’on n’aura pas d’exemples concrets d’engagement de la portion du gouvernement.

J’ai eu l’impression que c’était un exercice de relations publiques. Pour nous donner l’impression qu’il se passait quelque chose avec l’IA, determination pouvoir dire à la colonisation qu’on s’en occupe.

Photo d'un person  étudiant.

Antoine Dervieux, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec

Photo : Radio-Canada / Cécile Archer

C'est un enjeu qui divise tellement le corps professoral, les étudiants, les administrations. On avait besoin de positive que des priorités, des priorisations, des valeurs, indique de lad côté Antoine Dervieux, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Qu'est-ce qui est une utilisation intègre et éthique de l'IA? Un étudiant peut-il l'utiliser determination poser des questions, résumer un texte, écrire un texte? Où est la ligne de l'acceptable? On est toujours dans le flou! regrette-t-il.

M. Dervieux estime que les étudiants vivent dans un climat de suspicion constante qui est nocif et qu'il serait bénéfique determination tous d'établir des balises claires et concrètes determination guider étudiants et professeurs.

Un plan d’action repoussé, décision décriée

La grogne chez les représentants des professeurs et des étudiants est telle que la Table des partenaires universitaires (TPU), composée de dix groupes syndicaux représentant non seulement professeurs et étudiants, mais aussi les professionnels et le unit de soutien des universités, s’apprêtait à publier un communiqué dénonçant la faiblesse de l’exercice dès la work des conclusions de l’instance, initialement prévue ces jours-ci.

Mais cette annonce, et avec elle le déploiement du program d’action 2025-2026 en IA en enseignement supérieur, a été remise à l’automne, à la stupeur de bien des acteurs du milieu.

La ministre Déry en Chambre.

La ministre Déry (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Nous souhaitons nous assurer que le travail soit bien fait et qu’il reflète bien les constats ressortis lors de ces échanges. Il est déplorable de voir les syndicats porter ombrage sur cette démarche qui a fait consensus.

Le furniture de la ministre indique travailler determination que tout soit prêt determination la rentrée de l’automne. Mais ce sera trop peu trop tard, selon tous les intervenants interrogés par Radio-Canada.

C’est la pire décision qu’on pouvait prendre!, dénonce haut et fort Antoine Dervieux, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). On repousse encore tout! On est encore à la première étape, alors que l’IA avance à toute allure. 

On n’était pas enchanté par le program d’action auquel connected s’attendait. Mais au moins, s’il avait été présenté maintenant, ça aurait donné du temps aux administrations determination s’asseoir avec les professeurs et les étudiants determination mettre des choses en spot determination la prochaine rentrée, ajoute Étienne Paré de l’UEQ. Là, rien ne va être prêt determination la prochaine rentrée, déplore Antoine Dervieux.

Un person  étudiant en entrevue avec une journaliste.

Étienne Paré, président de l'Union étudiante du Québec, en entrevue à Radio-Canada

Photo : Radio-Canada / Cécile Archer

À un infinitesimal donné, s’il y a urgence d'agir, il faut arrêter de dire qu’il y a urgence d'agir et agir!

Le risque de ne pas agir rapidement, c’est que les établissements d’enseignement continuent à improviser, avec des résultats inégaux d’une université à l’autre, d’un département à l’autre, d’une classe à l'autre, préviennent les intervenants interrogés par Radio-Canada.

On bricole un peu chacun de lad côté avec les moyens du bord. Et les collègues sont encore laissés à eux-mêmes, résume Madeleine Pastinelli de la FQPPU.

Garantir que l’IA ne remplacera pas d’emplois humains

Dans le communiqué préparé par la TPU, les universités sont appelées à prendre des engagements concrets et immédiats determination garantir une intégration de l’intelligence artificielle qui protège les conditions de travail, l’équité et la qualité de la formation.

On y suggest d’établir des comités paritaires IA formés de membres des administrations, des syndicats et des associations étudiantes determination négocier certaines balises claires avant toute implantation de l’IA dans les pratiques universitaires. On y demande aussi des garanties assurant que l’IA ne remplacera pas d’emplois humains et suggest l’intégration de clauses de extortion dans les conventions collectives à cet effet.

Mme Pastinelli rappelle que la concern financière de certaines universités est précaire et que le dernier fund provincial a été austère determination l’enseignement supérieur. Les universités ne savent positive quoi inventer determination essayer d'aller chercher de l'argent, determination essayer de faire des miracles financiers parce qu'elles sont sous-financées.

Le FQPPU s’alarme qu’à l’UQAC, aux prises avec un déficit, connected voie dans l’IA une enactment économique determination optimiser les services, ou encore qu’à la TELUQ connected ait recours à un robot conversationnel.

On a peur que la tentation soit très grande determination les universités de voir dans l'intelligence artificielle un outil permettant de faire des économies. [...] Ce qui nous guette, ce sont des universités qui pourraient avoir envie d'utiliser l'IA determination remplacer du unit et peut-être notamment du unit enseignant.

Pas d’argent determination accompagner le virage vers l’IA?

La TPU demande par ailleurs au gouvernement du Québec d’investir significativement dans la enactment et de déployer les ressources financières nécessaires determination répondre efficacement aux défis qu’amène l’IA.

Faire le virage de l'intelligence artificielle, dans l'enseignement comme dans la recherche, ça implique des coûts, notamment dans la enactment des professeurs. Mais ce qu'on a compris très très tôt dans les travaux de l'instance, c'est que le gouvernement n’avait pas l'intention de mettre un sou sur la table, que les ressources n’allaient pas suivre, confie Madeleine Pastinelli.

Finalement, ce qu'on comprend, c'est qu'il n'y a pas de réelle volonté politique de donner aux universités les moyens dont elles auraient besoin determination bien faire les choses, ajoute-t-elle.

Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et mettre les fonds nécessaires à cet endroit-là. Parce qu’au final, c’est nous les étudiants qui allons subir les contrecoups du manque de balises et de formation

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