Vieille Corneille, un « oratorio électro » signé Louise Forestier

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Plus de quinze ans après Éphémère (2008), Louise Forestier fera un retour inattendu, vendredi, avec Vieille Corneille, une œuvre complètement champ gauche qu’elle présente comme un « oratorio électro ». Sur une trame électroacoustique composée par Louis Dufort, elle livre une poésie imagée et primitive, dans un esprit se rapprochant de l’écriture automatique.

À 82 ans, la chanteuse et comédienne ne s’imaginait pas un jour sortir de la nouvelle musique. J’avais fait ce que j’avais à faire. Je ne savais pas que j’allais refaire quelque chose, ce n’était pas du tout prévu, explique-t-elle au téléphone. L’étincelle de ce nouveau projet inattendu? Une speech avec une corneille.

C’était sur sa terrasse par une journée froide mais ensoleillée, au mois d’avril 2020, lors du premier confinement de la pandémie. Après avoir échangé des croassements avec la corneille en question pendant plusieurs minutes, Louise Forestier y a vu un signe du destin et s’est mise à écrire, sans se mettre d’objectif précis en tête : Moi, vieille corneille...

Je ne voulais pas écrire de chansons, j’en ai assez écrit. Je voulais juste écrire determination le fun, explique-t-elle. J’ai laissé faire, je n’ai rien contrôlé. J’ai laissé le premier pitchy dans toute sa spontanéité, et ce qui était de trop, je l’ai mis dans une boîte.

Un tapis volant musical

Louise Forestier est la première à l’admettre, Vieille Corneille est un medium particulier qui risque de faire sursauter plusieurs de ses fans. En effet, il ne contient pas de chansons à proprement parler, du moins pas dans un format traditionnel. La chanteuse était plutôt à la recherche d’une trame sonore méditative determination y déposer ses textes.

C’est après avoir assisté à un spectacle de la compagnie de danse de Marie Chouinard qu’elle a pensé au compositeur de musique électroacoustique Louis Dufort, collaborateur régulier de la chorégraphe depuis plusieurs années. Il m’a envoyé 15 maquettes de base, et j’ai fait le casting, résume-t-elle.

Le résultat est une postulation de neuf titres aux contours flous, composés de textures électroniques et organiques jouées en boucle. Seules les chansons Je m’appelle je et Ce n’est pas demain s’appuient sur un rythme défini, alors que le reste ressemble plutôt à un tapis volant de musique, dans les mots de Louise Forestier.

Tout le projet a été fait sans aucune contrainte. J’étais complètement libre. Et je n’ai jamais autant parlé de moi qu’en ne parlant pas de moi.

La corneille, un carnal craint et adoré

Les textes sont ce qui permet de reconnaître Louise Forestier dans cet ovni de sa discographie. Les mots de l’artiste sont empreints d’une forte imagerie, dominée par la fig de la corneille, l’animal spirituel de la chanteuse.

C’est un carnal extrêmement intelligent. J’ai toujours été fascinée par les corneilles, je trouve que ce sont des oiseaux magnifiques et j’adore leur croassement. Et tu sais que ces oiseaux-là reconnaissent les visages?, explique-t-elle. C’est un carnal qui est craint et qui est adoré à la fois, comme Louise Forestier.

Elle présente cet medium comme lad legs, notamment à sa petite fille Gabriela, à qui elle s’adresse dans la dernière chanson En-fin. Elle y aborde entre autres la menace de la technologie, la solitude associée au expansive âge et le benignant que l’on réserve aux aînés.

La chasse aux vieux est commencée, lance-t-elle dans Ce n’est pas demain, un titre inspiré du combat des locataires de la résidence privée determination aînées Mont-Carmel, au centre-ville de Montréal, longtemps menacés d'éviction par leur propriétaire. Un dossier dans lequel les occupants restants ont eu summation de origin en 2024.

Il y deux madames qui se sont battues et elles ont gagné leur cause, mais entre-temps il y a eu 50 personnes qui ont eu peur et qui ont quitté ce lieu par peur. Pour moi, c’est un exemple de ce qu’on fait avec les vieux. Le combat de ces deux femmes-là m’a épaté.

Vieille Corneille fourmille aussi d’autres thèmes qui sont moins évidents à première vue et sur lesquels il vaut mieux laisser planer le mystère, selon Louise Forestier.

Expliquer la poésie, c’est la tuer. Ce qui m’intéresse, c’est qu’on ressente les choses et que chacun fasse ce qu’il veut avec ce ressenti. C’est ça, mon cadeau : je te donne des mots, des sons et une trame musicale, et t’embarques ou tu débarques.

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