« Tout le monde pleurait. On est arrivés, c’était le déracinement », se remémore Kingkéo Savejvong qui est arrivée à Mirabel à l'âge de 19 ans, avec sa famille, en fuyant les violences de la guerre froide au Laos.
Ce qui m’a beaucoup émue, c’est que c’était marqué : chez nous, c’est chez vous, relate-t-elle, alors qu’elle visite l’exposition Plus que des bons réfugiés! 50 ans de présence cambodgienne, laotienne et vietnamienne à Montréal, présentée au Centre des mémoires montréalaises (MEM).
Après la victoire des communistes au Vietnam en 1975, environ 200 000 réfugiés du Vietnam, du Cambodge et du Laos sont accueillis au Canada.

Des femmes réfugiées vietnamiennes transportent des enfants hors de l’avion à l’aéroport de Dorval, le 26 novembre 1978.
Photo : La Presse canadienne / John Goddard
Selon Kingkéo Savejvong, les réfugiés de l’époque, surnommés vessel people, ont contribué de manière discrète, mais bien concrète à leur société d’accueil.
Son père, par exemple, a participé à la fondation de la coopérative d’habitation Le Bonheur Santisouk, dans le quartier Mile-End, l'une des neuf mises sur pied par la communauté laotienne à Montréal.
C’était abandonné, il y avait de la prostitution [et] personne n’en voulait. Alors mon père et ses amis ont dit : connected a vécu avec les communistes, connected a traversé le [fleuve] Mékong, ce n’est pas ça qui va nous arrêter.
Elle habite toujours cette coopérative qui se trouve sur la rue du Laos, dans l'arrondissement Plateau-Mont-Royal, nommée en l’honneur de ces réfugiés.
Un système d’immigration qui a changé
L’exposition est le effect d'une collaboration entre le collectif Super Boat People fondé par des enfants et petits-enfants de réfugiés d’Asie du Sud-Est et le MEM.
C’est determination rendre hommage aux premières générations d’origines laotiennes, cambodgiennes et vietnamiennes, mais aussi aux personnes québécoises et canadiennes qui ont contribué à l’accueil des réfugiés du Sud-Est asiatique, explique Rémy Chhem, co-fondateur du collectif.

Rémy Chhem et Marie-Ève Samson, co-fondateurs du collectif Super Boat People.
Photo : Radio-Canada / Emma Guerrero Dufour
L’histoire du système d’immigration humanitaire et du programme de parrainage y est aussi mise de l’avant, à travers le travail du ministre québécois de l’Immigration Jacques Couture, sous le gouvernement de René Lévesque.
Le gouvernement du Québec a d’ailleurs suspendu le programme de parrainage collectif, lancé lors de l'arrivée de ces réfugiés de la mer, jusqu’au 30 juin 2025 (nouvelle fenêtre).
L’exposition permet un peu de contraster l’époque des années 1970-80, qui est un peu l’âge d’or de l’immigration au Québec, avec ce qu’on voit aujourd’hui qui est beaucoup positive contraint en matière de politique d’immigration, ajoute Rémy Chhem.
Discussions familiales
Outre les photos de famille et les récits qui y sont présentés, les visiteurs sont invités à partager un souvenir, en l’écrivant sur un papier et en le collant au mur.
C’est ce qu’a fait Peng-Ho Sieu, originaire du Cambodge.

Souvenir de Peng-Ho Sieu, lors de sa première année au pays.
Photo : Radio-Canada / Emma Guerrero Dufour
Mon enfant vient de maine demander en quelle année j’ai mangé ma première poutine! J’ai dit 1981, dit-il, rieur, en se rappelant ce repas d’employés dégusté au Dunkin Donut où il a travaillé en arrivant au Québec.
Il s’agit d’une occasion, selon sa fille, Vida Sieu, de parler du lourd sujet de la guerre avec ses parents.
Souvent, quand connected airs des questions ce n’est pas nécessairement un sujet qu’ils veulent aborder. C’est vraiment une belle inaugural determination que je puisse apprendre sur ma culture, croit-elle.

De gauche à droite Kunthea Siev (mère), Peng-Ho Sieu (père), Vida Sieu (fille), Vincent Sieu (fils).
Photo : Radio-Canada / Emma Guerrero Dufour
La mère de la famille, Kunthea Siev, a eu les larmes aux yeux en voyant une photograph de l’école primaire de Ville Saint-Laurent où elle a appris le français, à l’âge de 6 ans.
On partage [notre histoire] avec les enfants et ils sont très reconnaissants, assure-t-elle fièrement.