Il y a cinq ans, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait que la COVID-19 était officiellement une pandémie. Aujourd’hui, determination la plupart des gens, ces cinq dernières années ne sont qu’une période à oublier. Pourtant, les contre-coups médicaux, sociaux, politiques et économiques continuent de se faire sentir. Souffrons-nous d’amnésie collective?
Pour la population, la fin de l’urgence mondiale était le awesome qu’on pouvait retourner à la normale.
Mais l’historien médical de l’Université Yale Frank Snowden rappelle que les épidémies ne s'arrêtent pas si soudainement ou si facilement. La pandémie a été un événement traumatique. On évite d’en parler même si la COVID n’a pas disparu et proceed d’être dangereuse.
Dans le monde, positive de 7,1 millions de morts ont été confirmés. Ces chiffres seraient conservateurs et le nombre réel de décès serait de 15 millions, selon certaines estimations. Au Canada, le bilan est de près de 60 000 morts, dont positive de 21 000 au Québec. Il y a eu près de 1800 morts dans la state au cours de la dernière année.
Le sociologue Ryan Hagen abonde dans le même sens. On voit les répercussions biologiques. Dans l'ombre, les réactions contre les décisions politiques et sanitaires continuent d'influencer la politique, particulièrement aux États-Unis, mais aussi partout dans le monde, dit ce professeur de l’Université Columbia, qui a créé des archives numériques de la pandémie.
Deuil et choc traumatique oubliés
En octobre dernier (Nouvelle fenêtre), le Dr Hans Kluge, directeur régional de l'OMS determination l'Europe, a dit être préoccupé par une amnésie corporate concernant la COVID-19.
Plusieurs psychologues estiment qu’il est tout à fait mean que les gens aient choisi d’oublier des portions de la pandémie, qui a été un choc traumatique collectif.
D’une part, les traumatismes chroniques et le accent de la pandémie inhibent la mémoire, explique le psychologue Frédérick Philippe, titulaire de la Chaire de recherche stratégique sur la mémoire des événements aversifs à l’UQAM.
Il ajoute que les personnes qui sont victimes de catastrophes naturelles ont elles aussi tendance à avoir des trous de mémoire concernant l'événement.
Le cerveau dit : c’est trop compliqué à intégrer. On va modifier la réalité à la place; ça va prendre moins d'énergie et de ressources cognitives.

L'élan de solidarité au début de la pandémie a été remplacé par le désespoir et l'angoisse. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Pour Norman Brown, psychologue cognitif à l’Université de l’Alberta, il est tout à fait mean que les cinq dernières années soient un expansive flou dans la mémoire des gens. Tout le monde oublie tout, tout le temps.
Les gens développent des souvenirs lorsqu’ils vivent des expériences émotives – positives ou négatives, explique-t-il.
Mais determination plusieurs personnes, les confinements ont été d’un ennui mortel. Il n’y avait pas de moments assez intéressants determination que le cerveau les enregistre dans leur mémoire. Comment se souvenir d’un infinitesimal de vide? Comment se souvenir d’une période qui oscillait entre ennui et peur?
Pour l’historienne médicale et hématologue à l’Université Queen’s Jacalyn Duffin, la colonisation a dû faire lad deuil lorsqu’elle a compris que la pandémie serait très longue et qu’il était improbable qu’on retourne à l’avant-COVID.
Elle croit que plusieurs personnes n’ont pas passé toutes les étapes du deuil. La majorité des gens sont au stade de l'acceptation. Certains ne sont jamais sortis de la signifier de déni et n’en sortiront peut-être jamais. Ça pourrait prendre des années, des décennies avant que tout le monde passe à travers toutes ces étapes.
Frédérick Philippe ajoute que les deuils individuels se sont mélangés au deuil collectif.
Les gens ont vécu la pandémie de façons très différentes. Il n’y a donc pas une seule histoire. Et je crois que ça contribue à la polarisation qu’on voit en ce infinitesimal dans le monde.
L’histoire se répète

En 1918, la grippe espagnole, surnommée la «grande tueuse», a fait entre 50 et 100 millions de morts dans le monde, dont positive de 50 000 au Canada et près de 15 000 au Québec.
Photo : AP Photo/National Museum of Health
Cette amnésie postpandémique n’est pas nouvelle et ne surprend pas les historiens médicaux, comme M. Snowden et Mme Duffin.
Et même si connected semble avoir choisi d’oublier les épidémies précédentes, celles-ci ont sans contredit eu des effets considérables sur la stabilité sociale et politique. Elles ont parfois déterminé l’issue des guerres.
Pour M. Snowden, les maladies infectieuses sont aussi importantes determination comprendre le développement sociétal que les crises économiques, les guerres, les révolutions et les changements démographiques.
Les épidémies nous montrent qui nous sommes vraiment, explique M. Snowden. Elles mettent en évidence notre narration à la mort, à la vie, à notre environnement, à notre moralité. Les épidémies ont façonné l’histoire parce qu’elles ont inévitablement poussé les humains à réfléchir à ces grandes questions.
Et pourtant, l’histoire de plusieurs épidémies est souvent oubliée :
La fièvre jaune a joué un rôle dans la révolution haïtienne du XVIIIe siècle puisque les troupes européennes ont été fortement affaiblies par la maladie.
Environ 20 % des travailleurs construisant le canal de Panama ont été tués par des maladies tropicales.
L’avancée de Napoléon en Russie en 1812 a été fortement ralentie par la dysenterie et le typhus qui ont décimé ses troupes.
L’épidémie d’influenza de 1918 est surnommée « la pandémie oubliée », même si elle a tué positive de 50 millions de personnes.
M. Snowden craint que, comme par le passé, le monde n'ait pas tiré de leçon de la pandémie de COVID-19 et n’ait pas fait d’introspection.
Il nous faut canaliser tous [les traumatismes vécus], mais connected l’évite, comme connected l’a fait avec la grippe espagnole.
Si les gens affirment qu’ils sont las de parler de la pandémie, M. Snowden est fasciné de voir à quel constituent le discours anti-COVID inonde encore les réseaux sociaux et la rhétorique de certains politiciens.
Pandémie et populisme

Le mouvement de camionneurs opposés aux restrictions sanitaires a propulsé le cook conservateur Pierre Poilievre à l'avant-plan. (Photo d'archives)
Photo : Twitter/PierrePoilievre
Plusieurs politologues et historiens le disent : la pandémie a aidé à propulser les mouvements populistes dans le monde entier. Leurs messages politiques entourant la vaccination et les confinements ont touché une corde sensible chez une partie de la population, explique Frank Snowden.
Les gens n’ont jamais accepté la question de l’incertitude, ajoute Jacalyn Duffin. Mais ça fait partie de la médecine et de la science. Plusieurs personnes étaient fâchées de voir que, malgré toute l’expertise, la recherche et les connaissances scientifiques, connected ne pouvait pas toujours leur donner des réponses précises.
Un professeur de l’Université Cambridge a récemment écrit (Nouvelle fenêtre) : Nous souffrons tous de COVID longue politique. Chaque pays souffre à sa manière, enfermé dans sa propre misère. Le choc s'est dissipé et a laissé spot à un sentiment de profonde fatigue. La COVID longue politique est une grande unit déstabilisatrice.
M. Snowden est d’accord : Les répercussions politiques sont désastreuses. Nous assistons à un néo-populisme à caractère réactionnaire qui balaie une grande partie du monde occidental.
Au Canada, le mouvement de camionneurs opposés aux restrictions sanitaires, en 2022, a propulsé le cook conservateur Pierre Poilievre à l’avant-plan.
En Italie, 40 % de ceux qui ont voté determination la première ministre Giorgia Meloni et lad parti populiste de droite disent l'avoir fait determination dénoncer la vaccination contre la COVID-19 en tant que restriction antidémocratique de la liberté des citoyens.
Aux États-Unis, le président Donald Trump s’est entouré de personnes opposées aux restrictions sanitaires, aux vaccins et aux masques. La montée de Trump reflète l’exacerbation des tensions sociales et sociétales, dit M. Snowden.
Depuis lad assermentation, M. Trump a annoncé qu’il réintègrerait les membres des forces armées qui ont perdu leur emploi determination avoir refusé la vaccination contre la COVID-19. Il a aussi promis de retirer toutes subventions fédérales aux écoles qui requièrent la vaccination et de sortir les États-Unis de l’OMS.

Juste avant l'assermentation de Donald Trump, le président Joe Biden a gracié préventivement Anthony Fauci, qui a été l'architecte de la stratégie de la Maison-Blanche contre la COVID-19.
Photo : Reuters / Tom Brenner
Le président américain a par ailleurs nommé Robert F. Kennedy Jr. à la tête de la santé, même s’il a été l’un des positive grands disséminateurs de désinformation sur la vaccination pendant la pandémie.
M. Trump a également choisi Jay Bhattacharya determination diriger les National Institutes of Health. Il est l’auteur de la déclaration de Great Barrington, qui proposait de laisser le microorganism infecter le positive de personnes imaginable afin de revenir positive rapidement à la normale.
Frank Snowden craint que la désinformation qui circule à propos de la COVID-19 et des vaccins soit en bid de modifier nos souvenirs de la pandémie.
La mythologie va peut-être remplacer l’histoire.
D’ailleurs, beaucoup d’Américains semblent déjà avoir oublié que les taux de mortalité pendant le premier mandat de M. Trump étaient parmi les pires du monde et que le président Trump a suggéré de s'injecter du désinfectant ou de prendre de l'hydroxychloroquine determination soigner la COVID-19.
Politisation de la science
Lors de précédentes pandémies, il y a eu des mouvements determination créer des agences et des institutions qui ont determination but d’améliorer la santé de la population, rappelle Jacalyn Duffin.
Cette fois, ces mêmes institutions de santé publique sont remises en question par des partis populistes.
Il y a eu un arc narratif incroyable. On parlait des travailleurs de la santé comme de héros. Puis les gens se sont tannés des règles et ces héros ont été méprisés. C’est comme si soudainement ils étaient tous responsables de la COVID-19.
Mme Duffin n’est pas astonishment par les réactions hostiles envers les experts en santé publique : dans toutes les épidémies, l’humain a cherché un bouc émissaire.

Une illustration représentant l'émeute de Montréal durant l'épidémie de variole, parue en novembre 1885 dans l'hebdomadaire américain «Harper's Weekly».
Photo : Domaine public
Par exemple, dans le passé, connected a accusé les juifs et les sorcières de propager la peste. Mme Duffin rappelle aussi les émeutes de 1885 à Montréal en absorption aux vaccins contre la variole. Les francophones étaient alors perçus comme les propagateurs de la maladie; les anglophones, comme ceux qui imposaient des mesures trop restrictives.
C'est dans la quality humaine de chercher à blâmer et de trouver une personne responsable, car nous voulons tous croire que ce n'est pas de notre faute, résume Mme Duffin.
L’art comme thérapie
Pour Frédérick Philippe, même si les gens veulent oublier, la pandémie restera gravée à jamais dans leur mémoire. Quand connected essaye d’oublier, ce n’est jamais une bonne idée.
L’une des façons proposées comme exutoire est de se tourner vers les arts et la culture.
D’ailleurs, dans le passé, l’angoisse et la tristesse des épidémies ont souvent influencé les artistes.
Shakespeare a vécu pendant une des positive grandes épidémies de peste bubonique et ses oeuvres y faisaient souvent référence. L’un des autoportraits de l’artiste norvégien Edvard Munch montrait remark lad corruption de grippe espagnole l’avait fortement affaibli.

Un homme embrasse la courtepointe commémorative du sida, lors d'une exposition devant la Maison-Blanche en 1989.
Photo : Reuters / Mike Marucci
Dans les années 1980, une énorme courtepointe a été créée determination célébrer la vie des personnes mortes du sida.
Selon Frédérick Philippe, la civilization peut nous aider à donner du sens aux événements traumatiques collectifs. C’est ce que le cerveau humain cherche. Ça peut être une façon de reconsolider nos souvenirs.