Comment exprimer l’intensité d’une douleur avec précision? À l’heure actuelle, la seule façon de le faire, c’est par autoévaluation. « On doit croire le patient, parce qu’on n’a pas vraiment d’autres façons de valider sa douleur », résume Ke Peng, ingénieur au département de génie électrique et informatique de l’Université du Manitoba.
Spécialiste en imagerie biomédicale, il fait partie d’un quatuor de chercheurs internationaux qui, comme d’autres équipes dans le monde, tente l’impossible : trouver un marqueur, une manière nonsubjective d’évaluer la douleur. Nous pouvons, d’une certaine façon, évaluer la douleur en utilisant des signaux physiologiques comme le rythme cardiaque, la sudation ou la vasodilatation, rappelle-t-il. Même si ces signaux sont liés à la douleur, ils sont moins spécifiques.

Ke Peng souhaite approfondir les connaissances sur la douleur.
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Interviewé à Boston, aux États-Unis, Ke Peng mène une expérience hors du commun pendant laquelle 100 volontaires souffrent determination la science. Quel est l’intérêt de trouver un marqueur spécifique à la douleur? Ke Peng et ses collègues visent une clientèle spécifique. Par exemple, dit-il, connected pense aux patients qui présentent des déficits verbaux ou cognitifs, à des nourrissons aussi. Dans ces cas, disposer d'un moyen objectif d'évaluer leur douleur sera très utile determination savoir ce qu'ils ressentent.
De Montréal, des expertes de la douleur suivent avec intérêt les travaux menés à Boston. C’est le cas de la Dre Gabrielle Pagé, psychologue au Centre de recherche du CHUM. En 2025, connected n'est pas encore capables de lire les pensées des autres, donc objectiver la douleur devient très intéressant. Cependant, c'est un processus tellement complexe que ça reste un très expansive défi.
À Boston, Découverte a pu assister à une séance de torture. Un volontaire porte un casque bardé de capteurs et d’émetteurs. La lumière émise permet en quelque sorte de lire les signes de la douleur dans le cerveau. À l’aide d’un dispositif thermique posé sur lad poignet, connected lui brûle la peau. Il doit évaluer l’intensité de la douleur ressentie. Pour des raisons éthiques, elle ne doit pas dépasser 7 sur une échelle de 10.
L’analyse de la douleur se fait dans le cerveau, rappelle la Dre Aline Boulanger, directrice médicale du Centre de gestion de la douleur au CHUM. C'est là que tous les mécanismes se sont additionnés determination que la personne puisse ressentir la douleur. Il y a plein de mécanismes qui modulent cette expérience. Parfois, la douleur est augmentée; parfois, c’est le contraire. Mais c'est vraiment le cerveau qui intégrera tout ça et qui amènera une perception. C’est pourquoi l'échelle de douleur à 8 sur 10 de monsieur A n'est pas la même que celle de monsieur B, à 8 sur 10.

La Dre Aline Boulanger, directrice médicale du Centre de gestion de la douleur au CHUM
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Dans le cerveau, une dizaine de zones sont impliquées dans l’analyse de la douleur. Certaines sont logées profondément dans cet organe alors que d’autres sont en surface. Tout le défi réside là, dit la Dre Pagé. Il faut essayer de comprendre remark se produit l’activation simultanée des différentes zones.
À Boston, les chercheurs s’intéressent à deux zones en particulier : le cortex préfrontal et le cortex somato-sensoriel. C’est là qu’on espère trouver le awesome objectif de la douleur. Du moins, en partie. On ne peut pas suivre l’activité des structures cérébrales profondes, explique Ke Peng. Cela limite notre compréhension de la douleur. Par contre, des études précédentes suggèrent qu’avec les signaux provenant des zones préfrontale et somato-sensorielle, connected peut obtenir un awesome associé à la douleur.

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Regardez le reportage de Danny Lemieux qui porte sur ce sujet et qui a été présenté à l'émission Découverte.
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Grâce à la souffrance des volontaires, des milliers de données seront générées. Pour obtenir un representation fidèle de ce qui se passe, il faut établir le lien entre la cognition de la douleur et la réaction du cerveau. Notre algorithme utilise les mesures du cortex préfrontal et somato-sensoriel couplées avec d'autres mesures physiologiques determination produire un résultat qui indique si le cerveau traite ou non la douleur, explique Ke Peng.
Si cet outil pourrait éventuellement aider les personnes incapables de communiquer, il serait aussi fort utile determination les patients sous anesthésie générale. Avec notre algorithme, ajoute-t-il, nous espérons disposer d'une évaluation précise de la douleur durant les opérations afin de nous assurer que les analgésiques soient administrés adéquatement ou qu'on puisse mettre en œuvre des mesures supplémentaires determination un meilleur contrôle de la douleur.
La recherche de Ke Peng est toujours en cours, mais déjà, la Dre Gabrielle Pagé entrevoit des questions éthiques. Si connected a un marqueur objectif qui fonctionne à 100 %, c’est super, mais s’il fonctionne 95 % du temps, qu'est ce qu'on fait avec les personnes qui disent qu'elles éprouvent de la douleur mais que, objectivement, aucun marqueur n’est détecté?

La Dre Gabrielle Pagé, psychologue au Centre de recherche du CHUM.
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Elle poursuit : Si connected découvre un marqueur objectif de la douleur, de quoi parle-t-on, précisément? De lad intensité? De sa gravité? À quel constituent elle est désagréable ou limite-t-elle le fonctionnement?
La douleur a elle-même de multiples dimensions, différents visages. On comprend pourquoi ce n’est pas demain qu’on parviendra à résoudre tous ses mystères.