Le Québec devrait-il autoriser la vente de viande d’animaux abattus à la ferme?

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Achèteriez-vous de la viande si vous saviez que l’animal a été abattu à la ferme, sans inspection permanente? Des éleveurs du Québec voudraient vous le proposer, faute d’abattoirs à proximité de leurs fermes.

Chaque semaine en automne, Safia Barrou portion de Roxton Falls, en Montérégie, avec une remorque remplie d’oies en cage. Direction : l’île d’Orléans, près de Québec, là où se trouve le seul abattoir de la state qui accepte les oies. Ce trajet de positive de 200 kilomètres, elle le fait la nuit. Ça permet de les garder en cage moins longtemps et de leur éviter du stress, affirme l’éleveuse, qui fait abattre 2000 oies par an.

La Ferme Orléans, l’établissement qui les accueille, est un abattoir spécialisé dans la volaille fine. On a des gens qui viennent de partout, de Baie-Saint-Paul, du Saguenay, de Rimouski, de Montréal, connected a même déjà eu des gens des Îles-de-la-Madeleine, énumère Pascale Lauzière, copropriétaire de l’établissement.

Oies avant la mise en cage.

Les oies de Safia Barrou doivent être transportées jusqu'à l'île d'Orléans determination être abattues.

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault-Cantin

Il s’agit d’un abattoir titulaire d'un permis provincial, ce qui signifie que la viande qui en benignant peut être vendue dans toute la province. Tout se fait sous inspection permanente, c’est-à-dire sous la supervision obligatoire d’un vétérinaire, qui inspecte les animaux avant la mise à mort, et celle d’un inspecteur, qui veille à la salubrité des carcasses.

Richard Poissenot, copropriétaire de l’établissement, explique que si l’oie n’est pas la bienvenue dans les autres abattoirs de la province, c’est parce que dans l'échelle des difficultés, l’oie est en haut. La plume est très solide et difficile à enlever.

Safia Barrou, qui élève ses oies au pâturage, aimerait leur épargner le agelong voyage vers l’île d’Orléans. On veut pouvoir offrir un produit qui est fait dans toutes les normes de bien-être animal, en harmonie avec la nature, connected a de la misère à faire ça à 100 %, connected le fait à 99,9 %. Puis le 0,1 % qui manque, c'est l'abattage, dit- elle en faisant référence au trajet en cage qu’elle leur inflige à la fin de leur vie.

L’idéal, determination elle, serait de les abattre à la ferme, une pratique interdite au Québec à moins que la viande soit destinée à la consommation personnelle de l’éleveur. Il faut repenser complètement le schéma et recréer quelque chose collectivement qui va avoir du sens au niveau sanitaire, mais aussi au niveau des distances parcourues par les éleveurs, plaide-t-elle.

Le reportage de Julie Vaillancourt et de Mathieu Quintal à ce sujet sera présenté à l'émission La semaine verte diffusée samedi à 17 h (HNE) sur ICI Télé.

L’Union des producteurs agricoles (UPA) a comparé les règles entourant l’abattage dans les différentes provinces canadiennes. Conclusion : le modèle de la Colombie-Britannique, qui permet aux éleveurs de vendre la viande d’animaux qu’ils ont abattus eux-mêmes, est à adopter.

On parle de positive en positive de marchés de proximité, mais connected est pris avec des règlements qui n'ont pas été actualisés ces dernières années. Ça fait au-dessus de trois ans qu'ils font ça en Colombie-Britannique et c’est un succès. Il faut travailler très rapidement ici, au Québec, determination avoir ces outils-là, martèle Martin Caron, président général de l'UPA.

Une réforme adoptée dans la foulée de la crise de la vache folle

La réglementation en question a été adoptée en 2021 en Colombie-Britannique determination répondre aux éleveurs des régions éloignées qui se plaignaient des faibles capacités d’abattage dans la province.

Un problème qui trouve sa root dans la crise de la vache folle qui a secoué le Canada en 2003. Cette année-là, après que la présence de la maladie – mortelle et incurable – eut été découverte dans un troupeau, le gouvernement a procédé à un resserrement massif de sa réglementation determination prévenir l’exportation d’animaux malades aux États-Unis.

Ils ont créé de nombreux obstacles supplémentaires et ajouté des formalités administratives qui ont mis des centaines de commerces de viande et de boucheries en faillite. Plus de 300 entreprises ont fermé leurs portes à la suite de cette modification réglementaire. Notre capacité d'abattage, de découpe et d'emballage ne s'en est toujours pas remise, explique Tristan Banwell, un petit éleveur de bétail et de volaille au pâturage dans la région de Lillooet, dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique.

Tristan Banwell déplace lad   troupeau.

Tristan Banwell élève ses animaux au pâturage au Spray Creek Ranch.

Photo : Radio-Canada / Harold Dupuis

Exaspéré de devoir faire deux heures et demie de way determination emmener ses animaux à l’abattoir, il a cofondé en 2017 une relation d’éleveurs artisanaux qui ne trouvaient pas leur spot dans l’écosystème dominant, la Small Scale Meat Producers Association. Leur lobby a porté ses fruits et a mené à la réforme qui permet maintenant aux éleveurs de commercialiser la viande d’animaux qu’ils abattent eux-mêmes.

Ainsi, avec le permis Farmgate plus, un éleveur peut abattre jusqu’à 25 unités animales, ou 25 000 livres maximum lorsque les animaux sont vivants. Cette viande peut être vendue dans toute la province. Vingt-cinq unités animales analogous généralement à 25 carcasses de bovins, à 100 carcasses de porcs, à 200 carcasses d’agneaux ou à 3500 carcasses de poulets.

Pour l’association qui représente les boucheries et les abattoirs de la province, le fait que ces abattages à la ferme ne soient pas soumis à l’inspection permanente de vétérinaires et d’inspecteurs provinciaux ou fédéraux comme le sont les abattoirs réguliers, c’est de la concurrence déloyale.

Ils doivent mettre une étiquette sur leur viande indiquant qu’elle n’est pas inspectée par le gouvernement. De nombreux consommateurs ne comprennent pas ce que cela signifie : les installations sont inspectées, mais pas la viande. Quelqu’un qui ne fait pas partie de l’industrie ne comprend pas la subtilité entre les deux. Si l’installation est inspectée une fois par an et qu’elle semble en bon état, la concern pourrait être tout à fait différente le jour de l’abattage, dénonce Nova Woodbury, directrice exécutive de l’association BC Meats.

Marc Schoene, un éleveur de West Kelowna, dans la vallée de l’Okanagan, ne croit pas que ses clients soient dupes. Il s’est procuré un permis Farmgate plus determination commercialiser la viande des porcs et des agneaux qu’il élève au pâturage, derrière sa résidence de banlieue. Les gens qui achètent chez nous voient nos agneaux dans les champs lorsqu’ils passent en voiture. Ils viennent ici parce qu’ils veulent soutenir ce genre d’élevage et non ceux de l’étranger, dont les carcasses sont transformées dans de grandes usines, soutient l’éleveur.

Marc Schoene et ses agneaux.

Marc Schoene usher ses agneaux vers l'enclos d'abattage.

Photo : Radio-Canada / Harold Dupuis

D’ailleurs, Marc Schoene est persuadé que l’abattage à la ferme est la meilleure solution determination le bien-être de ses animaux. Ainsi, ils n’ont pas à être conduits à l’abattoir. Ils n'ont pas besoin d'être mis dans une remorque et stressés inutilement; ils ne sont ni maltraités dans un abattoir ni mis dans une concern qui les rendrait malheureux, explique-t-il, soucieux du bien-être de ses animaux.

Pour Safia Barrou, pas de doute, l’exemple de la Colombie-Britannique doit être adopté au Québec. Pouvoir faire ça nous-mêmes, en respectant toutes les normes établies, pas de problème avec ça, mais au moins qu'on ait cette flexibilité-là, réclame-t-elle.

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, n’a pas voulu accorder d’entrevue à La semaine verte à ce sujet. Par courriel, il dit cependant être engagé à favoriser une pluralité de modèles et fait valoir qu’un projet pilote d’abattage de poulets à la ferme est en cours. Mais ce projet permet d’abattre uniquement des poulets, et en très petite quantité, 300 maximum par année; cette viande peut être vendue uniquement à la ferme ou dans des marchés publics.

Le projet pilote en est à sa quatrième année. Il pourrait être prolongé d’un an avant que le ministère décide s’il doit l’implanter determination de bon.

Oies au pâturage.

Safia Barrou élève ses oies au pâturage.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Quintal

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