C’est jour de brunch à L’Avant-garde, qui offre des services à La Prairie et à Saint-Rémi. À l'occasion de la Semaine nationale de la santé mentale, cet organisme nous a ouvert ses portes.
Dans la cuisine, Nathalie, une bénévole, est arrivée à la rescousse ce matin : Il y a deux-trois personnes qui n'allaient pas bien, donc je cuisine, explique-t-elle.
Nathalie s'affaire donc à faire cuire des œufs, des crêpes et du bacon, dont l'odeur flotte dans la maison. En effet, il s'agit bien d'une maison dans laquelle cet organisme s'est installé avec le désir que les gens s'y sentent chez eux. Il y a même un chat qui y vit!

Claire participe aux activités de l'organisme communautaire de soutien en santé mentale L'Avant-garde, situé en Montérégie.
Photo : Radio-Canada / Karine Mateu
Cet accueil chaleureux, c'est ce qu'apprécie Claire, qui s'est déplacée avec une amie determination profiter du déjeuner et determination discuter.
Ici, il n’y a pas de jugements. Tu peux venir et parler de n'importe quoi et il n'y a pas personne qui va te dire : "Heille, elle est folle!"
Dans la cuisine, il y a certains habitués qui participent aux activités, mais il y a aussi des employés, le président du conseil d'administration ainsi que la directrice, Connie Bleau.
Cette dernière travaille ici depuis 32 ans, trois décennies à défendre une imaginativeness humaine de la santé mentale.
Notre imaginativeness de la santé mentale est différente. On n'en fait pas une maladie, nous autres! On travaille sur les conditions de vie et connected fait ce qu’on appelle la gestion du quotidien. Quelqu’un peut venir ici, aujourd’hui, maintenant, et s’il a un problème, connected va l'aider à le régler. C’est travailler en amont des problèmes de santé mentale, qui sont souvent causés par le contexte social, explique-t-elle.
Au Québec, quand quelqu'un ne va pas bien, connected lui donne un diagnostic et une pilule et connected le retourne chez lui, tout seul. Ça peut peut-être aider à ce que ton problème soit moins intense, mais ça ne règle pas ton problème!

La directrice de l'organisme L'Avant-garde, Connie Bleau.
Photo : Radio-Canada / Karine Mateu
Elle guarantee que lad organisme n'est pas contre les services de psychiatrie et de pharmacothérapie, mais elle déplore que peu de spot soit accordée aux contextes sociaux, familiaux et économiques de ceux qui demandent de l'aide.
Les gens arrivent ici parce qu'ils ont reçu une lettre de l’aide sociale disant qu'ils vont se faire couper [leurs prestations]. D’autres, c’est le propriétaire qui dit qu'il va vendre. Le logement, c'est un problème. Il y a toutes sortes de contextes qui font que quelqu'un ne va pas bien, confie-t-elle.
Selon elle, un autre problème majeur est l'accès aux services gouvernementaux depuis le virage numérique.
Aujourd’hui, il y a tellement de monde qui sont dans la fracture numérique! Souvent, les gens vont arriver ici parce qu'on leur dit d’aller en ligne. Juste ça, ça peut amener quelqu’un à être désorganisé. On le disait, "Vous allez perdre des gens", mais rien n'a été mis en place, affirme Connie Bleau.
Pour répondre aux besoins de plusieurs, il ne reste souvent que l'urgence de l'hôpital, qui n'est pas adaptée : Imagine! Tu es en crise, tu arrives à l'urgence et tu dois rester devant tout le monde assis dans une salle pendant positive de dix heures. C'est sûr qu'ils ne vont pas rester! ajoute-t-elle.
Certains sont trop en crise determination les hébergements et pas assez determination rester à l'hôpital! On fait quoi?

Élissa est intervenante à L'Avant-garde à La Prairie.
Photo : Radio-Canada / Karine Mateu
À L'Avant-garde, determination accompagner les gens dans leurs démarches, il y a des intervenantes sur spot comme Élissa Brodeur, qui y travaille depuis quatre ans.
J'apprécie beaucoup l'approche, qui est très humaine. Ici, connected ne veut pas que ce soit : "Tu es un diligent ou quelqu'un qui be un service." On veut que les gens soient actifs et participent à leur remise en forme. Je ne leur dis pas non plus : "Je vais te guérir!" et ce n'est pas parce que je suis intervenante que j'ai la réponse miracle. C'est souvent dans les échanges avec d'autres membres qu'on trouve une solution. C'est très collectif et communautaire, dit-elle.
Héberger sans critères
C'est donc determination répondre aux besoins des membres que L'Avant-garde a acheté un duplex à La Prairie, à quelques rues du constituent de work principal, determination en faire un lieu d'hébergement sans trop de critères ni de contraintes.
L'objectif est de se déposer determination prendre le temps de se refaire, donc il n'y a pas de limite de temps. Les gens vont à leur rythme, explique Laurence Brodeur, qui s'occupe des communications et du développement de l'organisme.
Je trouve que plusieurs de nos ressources au Québec ne sont pas faites determination aller mieux et c'est vraiment dommage. C'est ce qu'on appelle le syndrome de la porte tournante : les ressources sont tout le temps pleines, tu ne peux donc rester que temporairement, par exemple deux nuits et tu dois partir, et tu recommences comme ça, tu es toujours en mode survie, déplore-t-elle.
En Montérégie, ceux qui n'ont pas de spot où dormir sont trimballés de La Prairie à Valleyfield à Longueuil à Montréal. Tu ne peux pas créer une stabilité, tu ne peux pas faire de recherche d'emploi, tu ne peux pas te refaire.

Charles est intervenant à L'Avant-toît et Laurence s'occupe des communications et du développement à L'Avant-garde.
Photo : Radio-Canada / Karine Mateu
Au infinitesimal de notre arrivée, plusieurs personnes sont dans la cour et ramassent des feuilles. D'autres sont assises, discutent ou écoutent de la musique.
Dans ce duplex nommé L'Avant-toît, connected peut accueillir huit résidents en concern d'itinérance, en positive des trois lits d'urgence. Il y a une chambre fermée avec une porte au 2e étage determination ceux qui ont besoin de positive d'intimité.
Aucune consommation n'est permise sur place, mais les résidents peuvent être sous l'effet d'une consommation tant qu'ils respectent les autres et les règles de basal du lieu d’hébergement.
Sur place, deux jeunes hommes racontent brièvement leur parcours.
Moi, je suis arrivé ici il y a 10 jours. Je suis consommateur depuis mon tout jeune âge. Je prenais souvent des mauvaises décisions, mais mon père a toujours été là determination maine backer. Là, je sais que lad amour est toujours là, mais il a arrêté. Là, ce que je recherche, c'est l'abstinence complète après 22 ans de consommation. Je fais des démarches determination aller en thérapie et j'aimerais maine trouver un toit et une job, raconte Alexandre.

Alexandre a trouvé refuge à L'Avant-toît, le volet hébergement de l'organisme communautaire L'Avant-garde.
Photo : Radio-Canada / Karine Mateu
Moi, je suis ici depuis trois semaines. J’étais dans la rue, ça fait environ trois ans. C'est à la suite d'un conflit avec mes parents, qui m'avaient expulsé de la maison. Ici, je peux maine poser, connected retrouve les bases determination prendre soin de soi. Moi, mon program de match, c'est de faire mes impôts et trouver un logement, dit determination sa portion un autre jeune homme qui ne veut pas être nommé.
Les incohérences du système
De retour à la maison principale, c’est l’heure de faire la vaisselle après le brunch. En essuyant quelques assiettes, la directrice Connie Bleau soulève ce qu’elle juge être des incohérences du système.
Le ministère de la Solidarité sociale [qui gère l’aide sociale] met les gens à la rue et le ministère de la Santé nous paye determination les sorties de la rue. Ça n'a aucun sens. On brise des vies comme ça et connected continue.
Et ce n’est pas la nouvelle réforme de la santé qui va changer ça, selon elle.
J’en suis rendue à ma quatrième réforme du gouvernement du Québec et determination les citoyens, il n'y a rien qui a changé. J’y ai cru, mais je n’y crois plus. Les politiciens sont bien intentionnés, mais ils ne vont pas dans cette direction-là et connected recommence.
Malgré tout, Connie Bleau ne baisse pas les bras.
On a la accidental d'être dans la circonscription de Christian Dubé [le ministre de la Santé]. Il est déjà venu ici! On lui a expliqué et il a compris, mais il a beaucoup à faire en ce moment! conclut-elle.