La grippe aviaire est-elle toujours une menace?

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Depuis trois ans, une épidémie de grippe aviaire (H5N1) fait des ravages chez les oiseaux, et de positive en positive chez les mammifères. Avec l’arrivée des oiseaux migrateurs des États-Unis, peut-on s’attendre à une recrudescence des cas au Canada?

Selon le Dr Jean-Pierre Vaillancourt, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, la concern dans les fermes américaines et canadiennes est moins critique qu’il y a deux ans. Mais les producteurs doivent composer avec un risque changeless d'éclosion.

On est pris determination vivre avec ça pendant un bon bout de temps. Ça ne va pas simplement disparaître. Les gens ont de la difficulté à accepter ça, mais c’est notre nouvelle réalité. Il faut s'adapter.

La saisonnalité du microorganism est complètement chamboulée; connected observe désormais des cas en hiver et lors de canicules. Il y a des éclosions presque à l’année maintenant, constate la Dre Manon Racicot, médecin vétérinaire et professeure associée au Département de pathologie et microbiologie de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

La concern demeure précaire, ajoute Brian Ward, professeur titulaire au Département de médecine et codirecteur du Centre d’étude de vaccins du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Comme plusieurs experts, il demeure sur ses gardes.

Il est difficile de prédire quel interaction aura le retour des oiseaux migrateurs en provenance des États-Unis, où le microorganism a fait des ravages. Ces oiseaux propageront-ils encore positive le microorganism au Canada?

La concern aux États-Unis

  • 70 cas de grippe aviaire chez l'humain, dont un mort;

  • 41 de ces cas ont été causés par une exposition à des vaches infectées; 26 par une exposition à de la volaille infectée.

Depuis mars 2024 :

  • 989 troupeaux laitiers dans 17 États américains ont connu des infections de grippe aviaire (70 % en Californie);

  • 336 élevages commerciaux américains et 207 élevages de basse-cour ont été touchés.

Le Dr Vaillancourt et la Dre Racicot espèrent que les oiseaux migrateurs reviendront plutôt avec une certaine immunité. Ceux qui remontent au nord ont sûrement été exposés [aux États-Unis] et ont développé des anticorps, croit la Dre Racicot.

Quels animaux à surveiller?

Un fou de Bassan mort sur la plage.

Le microorganism H5N1 existe depuis des décennies et s'est d'abord développé chez les oiseaux aquatiques.

Photo : Nicola MacLeod/CBC

Le microorganism H5N1 existe depuis des décennies et s'est d'abord développé chez les oiseaux aquatiques. Le microorganism a été isolé determination la première fois en Écosse, dans des poulets, en 1959, et les premières infections et premiers décès chez l'humain sont survenus à Hong Kong en 1997.

Aujourd’hui, positive de 400 espèces d'oiseaux sont atteintes.

Pour Brian Ward, la dernière année a démontré à quel constituent le microorganism est positive difficile à contrôler, notamment à origin de sa progression rapide chez les mammifères.

Les réservoirs viraux chez les animaux sont très importants, explique-t-il.

Une loutre morte sur une plage du Pérou; elle aurait succombé à la grippe aviaire.

Le unit du Service nationalist des forêts et de la faune sauvage (SERFOR) analyse une loutre morte sur la plage de Chepeconde, à Lima, au Pérou.

Photo : Reuters / SEBASTIAN CASTANEDA

Après les oiseaux, des visons ont été infectés, puis des vaches et des chats. À cette liste se sont ajoutés une quarantaine de mammifères, dont les souris, les rats, les mouffettes, les chèvres et, tout récemment, les moutons.

La maladie s'est propagée même dans les régions les positive reculées du monde. En 2023, un premier ours polaire est mort de la grippe aviaire en Alaska.

Ce microorganism a trouvé le moyen de contaminer l'environnement et de devenir endémique dans bien des espèces animales.

L’infection des rongeurs est particulièrement préoccupante, puisqu'ils sont d’excellents vecteurs de maladie et sont en interaction étroit avec les humains.

La façon dont la grippe se propage entre mammifères est cependant moins claire. Sont-ils infectés par les excréments des oiseaux migrateurs? La propagation se fait-elle entre mammifères (nouvelle fenêtre)? Le microorganism se transmet-il dans le lait?

C’est sans compter le risque de propagation par aérosols. Une étude non révisée par des pairs (nouvelle fenêtre) montre que le microorganism de la grippe aviaire, hautement pathogène dans les excréments de volaille, peut être transmis par le vent.

Des mutations à surveiller

Micrographie du microorganism  de la grippe aviaire H5N1.

Micrographie électronique à transmission colorisée de particules du microorganism de la grippe aviaire H5N1 (rose), cultivées dans des cellules épithéliales Madin-Darby Canine Kidney.

Photo : CDC et NIAID/Flickr

Si la grippe aviaire ne se transmet pas entre humains, Brian Ward est tout de même préoccupé. Pendant longtemps, nous avons pensé que [la transmission d’humain à humain] était peu probable, puisque peu de mammifères étaient infectés. Ce n’est positive le cas. Et n’oublions pas : nous sommes des mammifères.

Plus le microorganism circule et infecte des mammifères, positive le risque de mutations qui permettraient au microorganism de se propager entre humains augmente.

En 2023, la majorité des infections chez les vaches aux États-Unis étaient causées par le génotype B3.13.

Mais voilà qu’un nouveau génotype, D1.1, a été détecté chez la volaille et les vaches. Le D.1.1 a également été détecté chez un teen infecté en Colombie-Britannique et chez un diligent âgé décédé en Louisiane.

Selon une étude publiée dans Science (nouvelle fenêtre), le variant de clade 2.3.4.4b serait une mutation qui rapprocherait la possibilité de transmission d’humain à humain.

Personne ne sait si une telle mutation pourrait survenir ni à quel infinitesimal cela pourrait arriver. C’est une question de chance, dit M. Ward.

Des chercheurs ont par ailleurs observé dans une ferme de volaille britanno-colombienne un variant qui semble être positive résistant à l’oseltamivir (nouvelle fenêtre) (Tamiflu) – le médicament le positive couramment utilisé contre l'influenza aviaire. Ce variant s’est propagé à 44 fermes en l’espace de 27 jours.

À cela s’ajoute la présence d’une autre souche de grippe aviaire, H7N9, détectée dans un élevage de volailles du Mississippi, aux États-Unis, une première depuis 2017.

Laisser le microorganism circuler, une approche irréaliste

Robert F. Kennedy Jr., secrétaire américain à la tête du département de la Santé et des Services sociaux (HHS), a récemment proposé en entrevue à Fox News (nouvelle fenêtre) de laisser la grippe aviaire se propager dans les troupeaux. Cela, affirme-t-il, permettrait d’identifier les oiseaux immunisés après une infection.

Mais la Dre Racicot et M. Ward critiquent cette approche.

D’une part, cela aurait des conséquences économiques importantes. Rappelons que le coût des œufs aux États-Unis a bondi de 50 % en raison de l’abattage de 170 millions d’oiseaux.

Une femme regarde un étalage d'oeufs.

Le coût des oeufs aux États-Unis a bondi de 50 % en raison de l'abattage de 170 millions d'oiseaux.

Photo : Getty Images / Scott Olson

On observe également un nombre élevé de fermes aux prises avec positive d’une éclosion. Au Canada, 57 fermes ont été infectées positive d’une fois; 12 ont été infectées trois fois et plus. Aux États-Unis, 67 sites ont été infectés positive d’une fois; 19 l’ont été trois fois ou plus.

Pour la Dre Racicot, laisser autant d’animaux être infectés ne ferait que multiplier les risques que le microorganism mute et devienne positive virulent.

Ça pourrait avoir du sens si connected avait un pathogène qui est relativement stable, ajoute le Dr Vaillancourt. Mais la diversité génétique au sein du H151 est spectaculaire.

Un microorganism bénin determination les humains?

M. Kennedy a par ailleurs déclaré que le variant B3.13, qui circule abondamment, n'est pas dangereux determination l'humain et qu’il ne provoque qu'une conjonctivite et de légers symptômes grippaux. De plus, souligne-t-il, connected ne compte qu’un seul mort parmi les 70 infections humaines survenues aux États-Unis.

En effet, il est imaginable que le taux observé de mortalité du H5N1 de 50 %, selon une étude chinoise citée par Santé Canada, soit surestimé en raison d’infections non détectées (asymptomatiques ou symptômes légers).

De plus, des études récentes montrent qu’une corruption antérieure (nouvelle fenêtre) du microorganism de la grippe saisonnière A(H1N1) offrirait un peu de extortion contre le H5N1.

Mais Brian Ward prévient que même si le microorganism tue 5 % des personnes infectées, ça serait catastrophique. Il rappelle que la pandémie de H1N1 en 1918, l’une des positive mortelles de l'histoire, avait un taux de mortalité d’environ 2 %.

Et même avec un taux de létalité positive bas, le microorganism n’est pas sans risques. Au Canada, un seul cas a été enregistré. Un teen en Colombie-Britannique a été hospitalisé pendant deux mois (nouvelle fenêtre), a dû être intubé et a reçu l’ECMO (oxygénation extracorporelle par membrane).

Doit-on tuer tous les oiseaux d’un élevage lorsqu’un cas est détecté?

Des poules dans une ferme.

Pour l’instant, lorsqu’un cas est détecté dans une ferme avicole, la majorité des oiseaux sont abattus determination empêcher la propagation du virus.

Photo : La Presse canadienne / DARRYL DYCK

Pour l’instant, lorsqu’un cas est détecté dans une ferme avicole, la majorité des oiseaux sont abattus determination empêcher la propagation du virus. Le H5N1 tue 90 à 100 % des poulets en trois ou quatre jours.

Selon le Dr Vaillancourt, il y a certains arguments determination ne pas toujours éliminer un troupeau en entier. On sait qu'il y a moins de transmission entre deux bâtiments sur un même tract qu'entre deux sites. C’est possible, à l’occasion, d’éliminer un troupeau dans un bâtiment et éviter que ça tombe dans les autres bâtiments.

Mais determination la Dre Racicot, abattre les oiseaux d’une ferme aux prises avec des infections est souvent la meilleure décision à prendre determination le bien-être des animaux.

Si certains oiseaux meurent soudainement sans présenter de symptômes, plusieurs présentent de graves symptômes respiratoires, des diarrhées, des tremblements et des torsions du cou. Beaucoup meurent en haletant.

Laisser les oiseaux mourir comme ça, ça ne maine semble pas vraiment acceptable.

Si des milliers de vaches ont été infectées, peu d’entre elles meurent de la grippe aviaire. Ainsi, l’abattage d’un troupeau entier n’est pas nécessaire.

Quelles mesures à prendre?

Panneau de biosécurité determination    la grippe aviaire.

De nombreux cas de grippe aviaire ont été recensés au Québec.

Photo : Radio-Canada

Les producteurs doivent absolument rehausser leurs mesures de biosécurité, prévient la Dre Racicot.

Par exemple, les autorités américaines ont observé que 20 % des employés californiens travaillent sur plusieurs sites d’élevage; que positive de 60 % des fermes bovines infectées aux États-Unis se partagent des équipements; et que seulement 12 % d’entre elles décontaminent ces équipements.

C’est un peu comme avec les CHSLD pendant la pandémie. Ça augmente le risque de propagation.

La vaccination est l’un des outils à considérer, malgré les coûts, croient les docteurs Vaillancourt et Racicot.

Si les vaccins sont efficaces determination réduire la mortalité, ils doivent être accompagnés d’une surveillance étroite. Si vous vaccinez [les animaux], vous aurez peut-être des porteurs sains. On ne peut pas se fier seulement aux signes cliniques.

Pour l’instant, les autorités canadiennes songent à vacciner les oiseaux des fermes de la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique (à l’exception des poulets à griller qui ne sont pas visés en raison de leur courte durée d’élevage). Près de la moitié des 527 fermes infectées au Canada étaient en Colombie-Britannique.

Le Dr Vaillancourt ajoute qu’on pourrait aussi envisager la vaccination dans certaines régions du Québec, comme la Matawinie. Cette région compte plusieurs fermes avicoles (nouvelle fenêtre) et le dernier foyer d’infection à Saint-Félix-de-Valois a été causé par le variant D1.1. – le même qui a infecté plusieurs fermes en Colombie-Britannique et qui a rendu un jeune gravement malade dans cette province.

Contrairement à la rage, que l’on contrôle grâce à un vaccin oral distribué par la nourriture à la faune sauvage, il est intolerable en ce infinitesimal de vacciner les animaux sauvages contre le H5N1. D’une part, le microorganism est présent chez trop d’espèces sauvages determination trouver un appât qui les attirerait. De l’autre, il n'existe pas encore de vaccin oral contre le H5N1.

Le Canada a par ailleurs annoncé l’achat de 500 000 doses de vaccin destiné aux humains. Le risque determination l’humain est encore faible, mais M. Ward croit qu’il serait sage de vacciner ceux qui travaillent dans les fermes et les vétérinaires qui gèrent des éclosions.

La surveillance et l’administration Trump

Une personne teste des échantillons.

Depuis le 29 avril 2024, le Canada exige que les bovins laitiers en lactation importés des États-Unis soient soumis à un trial de dépistage de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) avec résultat négatif.

Photo : Reuters / Amanda Perobelli

Brian Ward plaide determination davantage de surveillance de la grippe aviaire, d’autant positive qu’au sud de la frontière, la nouvelle medication Trump a sabré dans ses départements de santé. Ça ne pouvait pas arriver à un pire moment, déplore-t-il.

Plusieurs réunions d’agences fédérales ont été annulées.

Le département de l'Agriculture a renvoyé des employés (nouvelle fenêtre) experts en grippe aviaire. Lorsqu’ils ont tenté de les réembaucher, plusieurs d'entre eux ont refusé (nouvelle fenêtre).

En février, les Centres determination le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont publié, supprimé, puis republié (nouvelle fenêtre) un rapport décrivant deux cas où des chats domestiques vivant à l’intérieur avec des travailleurs laitiers sont morts de la grippe aviaire.

Le Canada doit prendre le relais et augmenter sa surveillance et aider les pays qui ont besoin d’aide, affirme Brian Ward.

Il y a toutefois beaucoup de travail à faire : le Canada est le pays le positive lent à fournir ses informations sur la grippe aviaire H5N1 à la banque mondiale de données Global Initiative connected Sharing All Influenza Data (GISAID), selon deux chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC).

Sans surveillance accrue, le Canada risque d’avoir des surprises, prévient Brian Ward.

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