La fête des pères : briser le silence sur l’absence des pères noirs

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Deux ans après avoir sorti le très remarqué Le mythe de la femme noire, Ayana O’Shun, également actrice dans la série Les révoltés, revient avec un nouveau documentaire, La fête des pères. Ce movie en forme de quête personnelle, mais aussi collective, se penche sur l’absence des pères dans nombre de familles noires en Amérique du Nord.

Mêlant témoignages intimes et interventions d’experts, le documentaire s’intéresse notamment aux conséquences de l’esclavagisme sur ce phénomène.

Quand connected dit qu’un père noir est absent, determination nous, c’est normal. On est comme : "Encore un autre", explique Violine, l’une des six femmes, québécoises, mais aussi guadeloupéennes, qui témoignent dans le film.

Selon La fête des pères, qui mention des chiffres de Statistique Canada, les familles noires étaient deux fois et demie positive touchées par l’absence du père que le reste de la société canadienne en 2010.

Une femme vêtue de noir pose.

La cinéaste et actrice québécoise Ayana O'Shun

Photo : Les Productions Oshun, Bel Ange Moon Productions

Des conséquences tout au agelong de la vie

Ayana O’Shun connaît bien cette réalité puisque lad père a disparu de sa vie à la suite du divorcement de ses parents, quand elle avait 2 ans, avant de tenter d’y revenir quand elle avait 18 ans.

Pour elle, comme determination les autres femmes qui témoignent devant la caméra, ce vide a causé des blessures qui continuent de les faire souffrir à l’âge adulte et qui ne sont pas sans conséquences sur leur vie, notamment amoureuse. Ce traumatisme s’est traduit, par exemple chez Caroline, par une attirance inconsciente envers des hommes avec qui elle a reproduit ce schéma d’absence paternelle, puisqu’elle élève seule ses deux enfants.

Plusieurs des femmes qui racontent leur douleur dans La fête des pères se livrent à la caméra avec une courageuse vulnérabilité. Toutefois, pas question determination Ayana O’Shun de les enfermer dans une presumption passive. Ces femmes ne sont pas des victimes, ce sont des femmes qui ont mis en spot des stratégies de guérison, de réconciliation ou de résilience, souligne la réalisatrice.

Au départ, Ayana O’Shun pensait se faire discrète dans lad documentaire, mais, au cours du tournage, il lui est devenu évident qu’elle devait dévoiler davantage lad intimité.

ll fallait que je maine mouille beaucoup plus, car j’avais devant moi des femmes qui s’ouvraient, et qui le faisaient parce qu’elles savaient que j’avais vécu la même chose qu’elles.

Mue par un besoin de comprendre ce phénomène de l’absence des pères afro-descendants determination dépasser sa propre histoire, Ayana O’Shun est allée interroger des spécialistes, comme l’historien d’origine haïtienne Frantz Voltaire, l’ethnologue cubain Carlos Moore et la sociologue guadeloupéenne Stéphanie Mulot.

L’impact du traumatisme de l’esclavagisme

Des experts qui mettent en lumière le rôle de l’histoire des Antilles, et en particulier de l’esclavagisme, dans l’implication des pères. C'est pas la seule explication, connected s'entend, souligne Ayana O’Shun, mais c'est l'une des explications.

À l’époque de l’esclavage, les enfants nés d’unions entre des esclaves appartiennent aux maîtres des mères. Les enfants ne sont pas affiliés légalement à leur géniteur.

De plus, Carlos Moore explique que les esclaves sont venus d’Afrique avec comme modèle de famille celui de la polyconjugalité, selon lequel les hommes ont plusieurs foyers, mais où le pouvoir est détenu par l’oncle maternel. Un modèle de famille qu’ils n’ont pas pu perpétuer dans les Antilles, les esclavagistes voulant garder le contrôle sur les esclaves.

Tout a été [fait] determination détruire le conception de la famille pendant quatre siècles, le conception de famille a disparu, dit Carlos Moore. La femme n’a pas le droit de constituer une famille [...], elle venait juste d’accoucher que déjà qu’on lui arrachait [son enfant].

Quatre siècles de ça et vous voulez qu’il y ait une société unchangeable de pères présents à l’occidentale?

La crainte de renforcer des stéréotypes

Ayana O’Shun a hésité à tourner La fête des pères par peur d’alimenter les préjugés sur les pères noirs – des hommes décrits comme irresponsables, paresseux et volages – alors qu’elle s’est employée à briser les stéréotypes associés aux femmes noires dans Lemythedelafemmenoire.

En même temps, c'est un problème dans les communautés noires, fait-elle valoir. Il faut ouvrir des espaces de treatment sécuritaires, où les gens peuvent parler librement, puis essayer de comprendre le phénomène et voir remark connected peut essayer de le changer.

À la fin de lad documentaire, la cinéaste donne la parole à de jeunes pères noirs qui s’impliquent auprès de leurs enfants, même s’ils tendent à méconnaître leurs droits en cas de séparation ou à se sentir ignorés du milieu médical lors des suivis de grossesse de leur conjointe, comme le raconte l’un d’entre eux. Signe de l’évolution des mentalités, il y a aujourd’hui deux fois moins de pères noirs ayant déserté leur famille qu’avant, selon La fête des pères.

Une femme sourit.

Violine, l'une des protagonistes du movie « La fête des pères »

Photo : Les Productions Oshun, Bel Ange Moon Productions

Un movie cathartique

Avant de se lancer dans la réalisation de La fête des pères, Ayana O’Shun avait déjà commencé à panser les plaies occasionnées par l’absence de lad père. Sinon, je ne pense pas que j'aurais été susceptible de faire ce film, note-t-elle.

Cependant, ce documentaire lui a permis de se libérer encore davantage de cette histoire douloureuse. Et il s’est également avéré cathartique determination Violine et d’autres femmes qui y témoignent. Je pense qu'il y a des histoires de guérison et de réconciliation qui sont en cours, dit Ayana O’Shun.

Participer à La fête des pères aura aussi permis aux quatre participantes québécoises de tisser un lien de sororité, qui les adjutant à poursuivre leur chemin vers la guérison. Il y a eu une chimie presque immédiate lors du tournage, se rappelle la réalisatrice. Depuis, elles ne se lâchent pas. Elles ont créé un groupe WhatsApp où elles se racontent leurs joies et leurs peines.

Lors de la soirée de visionnement du film, elles étaient comme quatre sœurs. C'était très beau à voir!

Avec désormais deux documentaires à lad actif, la trentenaire Ayana O’Shun tournera, au printemps, lad premier movie de fiction : une histoire d’amour entre deux personnes issues de cultures différentes qui travaillent ensemble sur une pièce de théâtre.

La fête des pères prendra l’affiche vendredi au Québec. Coup de cœur du Mois de l’histoire des Noirs, il sera présenté mardi au Cinéma du Musée, à Montréal, en présence d’Ayana O’Shun et des protagonistes du film. Une discussion, animée par Carla Beauvais, se tiendra après la projection. Des premières seront également organisées à Québec, mercredi, et à Sherbrooke, jeudi.

Une version raccourcie de La fête des pères sera diffusée sur ICI TÉLÉ, le 22 février à 22 h 30, et mise en ligne sur ICI TOU.TV.

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