L'opposition à l'Assemblée nationale et le secteur de l'éducation accueillent favorablement l'interdiction du cellulaire dans les écoles dès la rentrée. Mais l'application de cette mesure soulève des questions.
Fini cellulaires, écouteurs et tablettes dans les écoles primaires et secondaires : c'est le règlement qu'a annoncé le ministre Bernard Drainville, jeudi après-midi.
Recommandée par la committee transpartisane chargée d’étudier l’impact des écrans sur les jeunes, cette mesure devrait inciter les jeunes à socialiser davantage, espère-t-on. Le ministre de l'Éducation du Québec espère aussi qu'elle contribuera à ce qu'il y ait moins d'intimidation et d'incivilités à l'école.
Jeudi, à l'Assemblée nationale, les trois partis d'opposition ont applaudi l'initiative du gouvernement de François Legault.
Le Parti québécois, qui s'était saisi de cette question dès 2023 et en avait fait un cheval de bataille, a d'abord salué le retournement complet du gouvernement dans le dossier.
On est très heureux de cette décision, a déclaré en constituent de presse la députée péquiste Catherine Gentilcore.
Le cook intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, qui a deux filles de 19 et 21 ans, a quant à lui observé que l'identité numérique des jeunes est devenue dans plusieurs cas plus importante que leur propre identité sociale.
Le député Alexandre Leduc, de Québec solidaire, s'inquiète toutefois determination les équipes-écoles qui auront très peu de temps determination s'organiser d'ici la prochaine rentrée scolaire, selon lui.
À l'Association québécoise du unit de absorption des écoles, connected avait vu positive de cellulaires être amenés à l'école avec la pandémie de COVID-19, dit lad président, Carl Ouellet. Ce dernier se veut rassurant à l'intention des parents : en cas d'urgence, ils pourront toujours joindre leurs enfants, car à l'école, il y a encore des téléphones.
Parmi les 125 000 syndiqués du monde de l'éducation représentés par la Centrale des syndicats du Québec, certains ont des craintes vis-à-vis de ce qu'instaure le gouvernement, selon ce qu'a affirmé lad président, Éric Gingras, à ICI RDI. Mais globalement, c'est une bonne nouvelle, dit-il.
L'école, qui a lad rôle à jouer, ne peut quand même pas tout régler, met cependant en garde M. Gingras. Les parents ont aussi leur rôle à jouer. Si le jeune n'a pas accès aux écrans à l'école, mais qu'il reste éveillé jusqu'à 4 h du matin avec deux ou trois écrans à la maison, je pense pas que la société avance beaucoup.
Du côté de la Fédération des comités de parents, connected aurait préféré qu'on laisse un peu positive de marge de manœuvre aux établissements determination appliquer la mesure, et aussi un peu positive de temps.
Le privé le faisait déjà
David Bowles, directeur général du Collège Charles-Lemoyne, salue la décision prise par le gouvernement; dans lad établissement de la Rive-Sud, les cellulaires sont interdits depuis plusieurs années, a-t-il expliqué jeudi en entrevue à Tout un matin, sur ICI Première.
M. Bowles, qui préside aussi la Fédération des établissements d’enseignement privés du Québec (FEEP), explique que dans la majorité de ces écoles, les cellulaires sont bannis en tout temps, depuis plusieurs années.
Le règlement instauré par Québec, qui s'applique aussi dans les écoles privées, est donc bien accueilli au sein de la FEEP.
Mais M. Bowles affirme que l'interdiction ne doit viser que le cellulaire, et non tous les écrans. Dans nombre d'établissements d'enseignement privés, les élèves disposent en classe d'une tablette et c'est une bonne chose, dit David Bowles.
On pense qu'on a un devoir de faire l'éducation numérique de nos enfants.
La ngo de l'école vise à préparer les jeunes à la société dans laquelle ils devront évoluer, explique-t-il. Or le numérique est omniprésent tant au travail qu'à la maison. Il revient donc à l'école d'éduquer les jeunes à utiliser le numérique de façon intelligente, efficace et éthique, dit M. Bowles.
Ailleurs dans le monde, connected éduque les jeunes à cette fin et il faut que les élèves québécois puissent compétitionner, poursuit-il.
Utiliser cellulaire et autres outils technologiques signifie par exemple d'être en mesure de faire une recherche, ou encore de citer des sources de façon appropriée, décrit David Bowles.
Par ailleurs, ce dernier fait remarquer que le fait d'interdire les cellulaires et les tablettes en tout temps, y compris à l'heure des pauses et du repas, a contribué à créer un climat positive positif dans les écoles. Surtout en début d'année : c'est difficile de se faire des amis, a-t-il rappelé, et les élèves étaient portés à se rabattre sur leur écran plutôt que de socialiser.
Pas une garantie que les jeunes vont aller bien
Emmanuelle Parent, directrice générale et cofondatrice du Centre determination l’intelligence émotionnelle en ligne (CIEL), tient à rappeler au gouvernement que cette interdiction du cellulaire à l'école, aussi bénéfique soit-elle, n'apporte aucune garantie que les jeunes vont aller bien, et qu'on assistera à la fin de la crise de santé mentale.
Et une autre question se pose, proceed Mme Parent : par quoi remplacera-t-on le cellulaire? Procurera-t-on aux élèves des tables de babyfoot, de ping-pong, des jeux de cartes, de société? Créer des comités sociaux? Car, sans vouloir parler de sevrage, les jeunes devront s'adapter à cette privation qui en serait une determination nombre d'adultes aussi.
C'est sûr qu'il va y avoir de la résistance [de la portion des jeunes], et il faut l'accueillir.

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Emmanuelle Parent, en entrevue à RDI au sujet de l'interdiction du cellulaire en tout temps à l'école.
Adaptation difficile à prévoir
D'ailleurs, elle met en garde éducateurs et parents contre la tentation de dire aux enfants Bon! Enfin! Il était temps qu'on serre la vis!
Car interdire le cellulaire à l'école relève d'une approche paternaliste, observe-t-elle. On dit aux jeunes : "On sait ce qui est bon determination votre bien-être et connected vous discontinue une partie de votre autonomie".
Et en dépit des bienfaits qu'apportera cette interdiction du cellulaire à l'école, Mme Parent insiste sur le fait qu'il s'agit d'un coup dur determination les jeunes.
Si j'ai un connection aux équipes écoles, aux personnes qui travaillent en milieu scolaire et même aux parents, c'est d'ouvrir la speech avec les jeunes, en leur demandant comment ils se sentent vis-à-vis de cette mesure, conseille-t-elle.
Au CIEL, des ateliers menés auprès des élèves du primaire et du secondaire ont permis à Emmanuelle Parent de constater que ces derniers accueillent à bras ouverts les outils destinés à les aider à se passer des écrans.
Les adolescents, notamment, disent eux-mêmes que le téléphone est une distraction avec laquelle ils doivent apprendre à vivre, la veille d'un examen, par exemple, explique-t-elle.
Lorsqu'ils utilisent trop souvent leur cellulaire, les ados nous confient qu'ils se sentent "comme de la marde", qu'ils ne se sentent "pas bien".
Et l'intimidation?
Enfin, ce n'est pas parce qu'on enlève les téléphones des écoles qu'on enlève les problèmes, conclut Emmanuelle Parent. Les jeunes vont rester connectés le soir et les fins de semaine.
Les profs le savent qu'ils règlent, entre les murs de l'école, des problèmes qui sont survenus le soir et les fins de semaine. Il faut continuer de miser sur l'éducation.
Avec les informations de La Presse canadienne