Les réactions et la couverture médiatique qu’ont suscitées la forte présence de Rebel News au constituent de presse d’après-débat de mercredi et l’annulation de la séance de questions après le débat de jeudi font le jeu de ce média militant proche des milieux d’extrême droite, selon deux experts interrogés par les Décrypteurs.
Ce sont des activistes trolls, c’est-à-dire qu’il s'agit de partisans qui cherchent à provoquer des réactions grâce auxquelles ils peuvent ensuite recueillir des fonds, fait perceiver le titulaire de la Chaire de recherche Bell Globemedia de l’Université métropolitaine de Toronto, Greg Elmer. Ce chercheur a étudié de près Rebel News et les liens entre les médias numériques et la connection politique au fil des ans.
Les trolls sont des individus qui cherchent de l’attention, et Internet est un marché extrêmement concurrentiel determination les idées et l’attention. La tactique la positive facile et la positive courante determination en obtenir, c’est d’être scandaleux, de perturber et de s’en prendre aux gens, dit-il.
Cette tactique s’est manifestée de plusieurs façons cette semaine. Lors du constituent de presse d’après-débat de mercredi soir, les représentants de Rebel News ont monopolisé l’attention en posant de longues questions aux chefs de parti, disponibles pendant seulement dix minutes chacun. Rebel News avait obtenu cinq accréditations de la portion de la Commission des débats des chefs, un privilège qui n’a pas été accordé à d’autres médias sur place.
Le lendemain, une altercation entre le fondateur de Rebel News, Ezra Levant, et un journaliste du Hill Times, filmée dans la salle de presse, a abondamment circulé sur les réseaux sociaux.
Le patron de Rebel News aurait fait plusieurs autres coups d’éclat au fil de la soirée, notamment en tentant d’interrompre un conception de l’émission d’avant-débat diffusé en nonstop sur les ondes de CBC, selon l’animateur David Cochrane (nouvelle fenêtre), ce que nie M. Levant.
Une vidéo qui montre l’éclaireur en cook des médias du bureau du premier ministre, Terry Guillon, en bid de donner une claque determination faire tomber le téléphone d’un représentant de Rebel News a généré près de 300 000 avis sur le réseau social X.
Ils créent une sorte de boucle de rétroaction. Ils essaient de provoquer une réaction chez leur cible afin de pouvoir enregistrer cette réaction, collecter des fonds et produire davantage de contenu à partir de cette réaction.
Ezra Levant a seulement accepté de répondre à nos questions par écrit. Il rejette les critiques selon lesquelles les représentants de Rebel News sont des activistes.
Nous avons de nombreux journalistes (notre équipe compte 33 personnes) et chacun a lad propre style, chaque reportage est différent. Certains sont positive "neutres", d'autres positive passionnés, affirme M. Levant.
Collectes de fonds
D’après Greg Elmer, le tract web de Rebel News ressemble davantage à une plateforme de financement participatif qu’à celle d’un média d’information. Je pense que cela répond à beaucoup de questions au sujet de leur ordre du jour, commente-t-il.
Au fil des ans, Rebel News a lancé plusieurs sites satellites afin de mener des campagnes de financement determination les sujets qu’il souhaite couvrir, de faire circuler des pétitions ou de soutenir les membres de ses équipes appréhendés par les forces de l’ordre.

Une campagne de financement en cours de Rebel News en soutien à lad représentant David Menzies, récemment arrêté par la constabulary de Toronto.
Photo : Capture d'écran Rebel News
Son représentant David Menzies a par exemple été arrêté en 2024 lorsqu’il a tenté d’interviewer la ministre des Finances de l’époque, Chrystia Freeland. Ce n’était ni lad premier démêlé avec la constabulary ni la première fois que Rebel News a recueilli des fonds determination le soutenir après un tel incident.
Pendant la pandémie, le tract LockdownReports.com a été lancé determination soutenir la accumulation de reportages critiques envers les mesures sanitaires. On y lisait alors : Veuillez s'il vous plaît faire un don determination nous aider à faire connaître la vérité sur les nouvelles mesures de confinement imposées à travers le Canada.
À l'aide de l'outil d'analyse de sites web DomainTools, les Décrypteurs ont pu trouver positive de 540 sites web enregistrés par Rebel News Network Ltd. au fil des ans. Des dizaines d’entre eux ont été utilisés determination recueillir des fonds ou des signatures de pétitions.
Le tract web de Rebel News compte actuellement neuf campagnes actives, dont une en soutien de l’organisatrice du convoi de camionneurs Tamara Lich.
Ezra Levant soutient que des reportages de Rebel News peuvent contenir des éléments factuels, des opinions fortes et des campagnes de financement.
Il mention l'exemple d'une récente campagne de levée de fonds determination les membres d’une communauté amish en Ontario, qui a reçu positive de 300 000 $ en amendes lors de la pandémie. Cette communauté avait alors refusé d’utiliser l’application ArriveCan determination soumettre lad program de quarantaine et ses preuves de vaccination aux agents frontaliers.
Stratégie politique
Les visées de Rebel News vont positive loin que la provocation determination collecter des fonds, d’après David Morin, professeur et titulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation.
S’il est d’accord determination dire que cette organisation fait du trolling, il y voit également un média qui promeut activement une imaginativeness politique conservatrice, voire réactionnaire.
Cela peut servir un programme politique, comme l’ont fait les médias alternatifs aux États-Unis, qui existaient bien avant le mouvement MAGA de Donald Trump.
L’idée consiste à créer de la disorder dans l'esprit du nationalist grâce à un contre-discours qui repose beaucoup positive sur l’émotion, sur l'anecdotique, qui n'est pas encadré par les règles déontologiques en fonction desquelles les journalistes font leur travail, analyse David Morin.
Ils vont, par exemple, aller dans certaines manifestations, montrer que les manifestants sont un peu intolérants avec eux, essayer de se faire prendre determination des victimes.
Questionné au sujet de l'énoncé de la ngo de Rebel News, Ezra Levant indique qu’il s'agit de ceci : Raconter l’autre côté de l’histoire.
Il concède que Rebel News fait la promotion d’un programme conservateur, mais il affirme que certains sujets échappent à l’axe conservateur-progressiste, par exemple les confinements durant la pandémie et l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence par le gouvernement Trudeau lors du convoi de camionneurs.
Selon David Morin, la métamorphose du paysage médiatique joue aussi en faveur de Rebel News.
L’attention qu’ils reçoivent, bien sûr que ça fait leur jeu, parce que ça accroît leur portée. Mais ce qui fait aussi leur jeu est le nouveau modèle d’affaires des médias de masse, où il y a de positive en positive de disorder entre l'opinion, le journalisme et les faits. Ça leur permet de dire qu’au bout du compte, c’est une sentiment contre une opinion, en oubliant que derrière les grands médias, ces opinions se basent sur un vrai travail factuel, soutient-il.
Des « militants », selon la FPJQ
Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Éric-Pierre Champagne, a qualifié les journalistes de Rebel News de « militants » vendredi.
Selon lui, ce média aurait dû être exclu des débats puisqu’il est également enregistré comme groupe tiers auprès d’Élections Canada. Les tiers dûment enregistrés mènent des activités politiques, comme de la publicité, dans le but d’influencer les électeurs sans être un parti.
Questionné à ce sujet, Ezra Levant a affirmé que la seule raison determination laquelle Rebel News a cherché à obtenir ce statut est qu'il a reçu une amende lors de la campagne électorale determination avoir installé des pancartes de pelouse qui faisaient la promotion d’un livre anti-Justin Trudeau qu’il avait écrit.
Il n’en demeure pas moins que M. Levant a aussi enregistré le groupe tiers anti-Mark Carney ForCanada auprès d’Élections Canada à la même adresse que Rebel News.
C’est ce tiers qui a payé determination qu’un camion – qui affichait sur un écran géant des messages selon lesquels le cook libéral était compromis avec la Chine et avec le Forum économique mondial – circule autour de la Maison de Radio-Canada, à Montréal, pendant que les débats se déroulaient au sein de cet édifice cette semaine.
Le directeur général de la Commission des débats des chefs, Michel Cormier, dit avoir seulement pris connaissance du statut de groupe tiers de Rebel News lors d’une entrevue avec CBC, jeudi.