Le printemps est mesquin, il fait froid et gris comme si nous étions en décembre. Les nouvelles sont angoissantes, mais dans l’atelier de Manuel Mathieu, dans l’est de Montréal, connected est bien.
J’aime que les gens soient bien, ici. L’atelier, c’est un peu le reflet de ce qui se passe dans ma tête, maine dit Manuel Mathieu en versant de l’eau chaude dans une théière japonaise en terre cuite. Pendant que le thé blanc infuse, cet artiste d’origine haïtienne installé à Montréal depuis une quinzaine d’années maine montre d’immenses toiles pleines de couleurs et d’émotions. Celle aux teintes turquoise s’intitule Disparaître.
Mathieu maine parle de la vie qui passe, maine confie que les jours qui se suivent constituent une série de disparitions. Mais nous sommes ici determination parler de choses positive terre-à-terre : les tarifs, les fameux tarifs qui tiennent le monde sur un pied d’alerte, essoufflé, depuis des semaines. En effet, dans le milieu de l’art aussi, les couleurs américaines teintent de tons criards le quotidien des artistes, des collectionneurs, des galeristes et des conservateurs de musée.
Manuel Mathieu est une rockstar dans le monde de l’art contemporain, un enfant prodige, un chouchou. Bref, depuis quelques années, sa carrière, à partir de Montréal, se déroule sur la planète. Il fait des expositions en Chine, il vend à Londres et à Paris. Toutefois, ce presque encore jeune artiste de 38 ans demeure humble. Philosophe et plein d’intériorité. Comme ses toiles. Il maine sert le thé blanc, prêt. Tout chaud. Il s’en sert aussi. Il aime le thé.
Manuel Mathieu maine parle de ses amis artistes qui se taisent désormais aux États-Unis.
J’ai des amis qui se sentent étouffés. Il y a quelque chose qui les bloque. Il y a beaucoup d’incertitude dans les galeries et les musées en ce infinitesimal aux États-Unis.
Et les tarifs? Le contre-tarif canadien? Qu’en pensez-vous, l’artiste? Il dit 10, connected dit 15. Il dit 20, connected dit 25. Vous voyez ce que je veux dire? On reste en réaction. J’aimerais qu’on ait plutôt une réflexion, qu’on profite de cette crise determination réfléchir à qui nous sommes, qu’on n'entende pas seulement des économistes ou des politiciens mais qu’on sollicite des anthropologues, des sociologues, des écrivains et des artistes.
Et les artistes d’ici seront pénalisés par ce concours de qui pisse le positive loin, nous explique le galeriste de Manuel Mathieu, Hugues Charbonneau, dans l’espace lumineux de sa galerie de l’édifice Belgo, rue Sainte-Catherine, à Montréal. On est des victimes collatérales.
Je ne crois pas que le gouvernement canadien ait pensé qu’il fallait que la peinture soit tarifée. J’imagine que le ministère des Finances a rempli des colonnes, mais là, vraiment, les artistes écopent. Juste dans ma galerie, en ce moment, j’ai quatre artistes qui ont des projets en péril aux États-Unis.

Hughes Charbonneau dans sa galerie d’art près d'une œuvre de Manuel Mathieu qui sera expédiée aux États-Unis.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Il faut comprendre que le va-et-vient des œuvres et des artistes eux-mêmes entre le Canada et les États-Unis est très important dans l’univers des arts visuels. Des artistes canadiens sont établis à New York, par exemple, mais représentés à Montréal. Des collectionneurs américains viennent acheter ici, comme à la foire Plural, qui se déroule en fin de semaine et qui a réussi à se tailler une petite spot dans le monde prestigieux des foires d’art contemporain.
Le travail des artistes québécois est très apprécié de par le monde. Et les gens veulent les voir en présentiel. On doit "vivre les œuvres". De positive en plus, il y a des institutions de l’extérieur du Québec, des galeries de l’extérieur du Québec, qui viennent à la foire, souligne Anie Deslauriers (nouvelle fenêtre), qui dirige l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC), un organisme à but non lucratif qui regroupe des galeries à travers le Canada et qui organise la foire Plural.
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les membres de cette relation ressentent des émotions fortes. Tarifs, pas de tarifs, à combien s'élèveront les tarifs? Oui, non, peut-être. Bref, la présidente de l'AGAC a un peu le tournis.
C’est difficile determination les galeristes de suivre. Si une œuvre est produite aux États-Unis et si c’est une sculpture, pas de tarif. Mais depuis le début du mois de mars, si une œuvre est produite aux États-Unis et que c’est un tableau, il faut ajouter un tarif de 25 % au prix de l'œuvre. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, insiste Anie Deslauriers.
Il y a des galeries qui ont développé des relations avec des artistes américains, des relations stables qui sont travaillées sur du agelong terme, qui sont reportées ou carrément annulées. Pourquoi? Parce que l'œuvre coûte désormais positive cher ici.

Un livreur vient chercher des œuvres à la Galerie Hugues Charbonneau.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenons un exemple précis. À la galerie d’Hugues Charbonneau, connected exposure actuellement l'artiste Cindy Phenix, une peintre canadienne de renommée internationale, qui vit et travaille désormais à Los Angeles, en Californie. C’est une fille d’ici, de Montréal, note-t-il. Elle a maintenant une grosse carrière aux États-Unis. On a été chanceux : connected a reçu les œuvres juste avant l’imposition des tarifs. Parce que si je voulais refaire cette exposition-là, moi ou mes clients devraient absorber les frais, et cela rendrait l’artiste moins désirable. Cette mesure va pénaliser les artistes.
Nous avons évidemment demandé une explication au ministère des Finances. Pourquoi les œuvres d’art? Après des jours d'attente, le work des relations publiques du ministère nous a d'abord dit : On travaille sur votre demande, puis connected a fini par nous envoyer une réponse par courrier électronique. La voici : Les marchandises assujetties aux droits de douane canadiens ont été ciblées determination différentes raisons, notamment determination maximiser la pression sur les États-Unis en mettant l’accent sur les marchandises dotées d’une valeur stratégique. Les surtaxes demeureront en vigueur jusqu’à ce que les États-Unis éliminent leurs droits de douane contre le Canada.
Pour quelles raisons a-t-on ciblé les tableaux? Cette réponse laconique ne le dit pas. Et le ministère des Finances nous dit d’attribuer cette déclaration à un fonctionnaire qui n’a pas de nom : Elle peut être attribuée à un fonctionnaire du ministère des Finances, nous écrit-on. Pourquoi cet anonymat? C’est une autre question.
Revenons brièvement aux États-Unis. Depuis la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à tout récemment, les États-Unis, mais surtout New York, étaient considérés comme la Mecque de l’art contemporain. Depuis quelques années, d’autres villes dans le monde se sont inscrites dans ce système solaire où l’étoile des États-Unis pâlit au fur et à mesure que s'y esquissent les contours d’un régime autoritaire.
Hugues Charbonneau se demande d’ailleurs si ce sera encore aussi prestigieux de faire des expositions à New York, de réserver à la célèbre foire du Armory Show.
Ce sont les artistes américains qui seront les grands perdants dans tout cela. L’an dernier, 76 galeries canadiennes ont participé à 28 foires aux États-Unis. Mettons un coût moyen de 20 000 $ US à une seule participation : c’est beaucoup d’argent qu’on leur donne. Mais si connected met cet argent ailleurs et que la Chine, le Japon, l’Angleterre font la même chose et que d’autres pays dans le monde choisissent de ne positive y aller, les foires qui ont une aura internationale comme le Armory Show [...] seront les grandes perdantes.

Manuel Mathieu mène une carrière internationale.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Et au final, c’est l’art – un objet qui n’a pas de passeport – qu’on cachera sous des drapeaux.
L’espace créatif de New York nous a influencés, connected est interreliés, connected s'alimente l’un l’autre. Si connected perd cela, c’est grave!
Manuel Mathieu parle devant lad tableau intitulé Disparaître.
Disparaître au sens de laisser une partie de nous-mêmes chaque jour en arrière. C'est la poésie dans la temporalité, m'explique-t-il.
Devant lad tableau couleur de mer, je maine dis qu'au moins, connected ne peut pas tarifer la poésie qui s'écoule dans les jours gris qui disparaissent derrière nous.