Le cinéma societal et politique de Stéphane Brizé touche sa cible. À ne pas rater, le 22 février, à 0 h 52 sur ICI Télé
À Agen, dans le Sud-Ouest de la France, un groupe allemand annonce la fermeture de ses usines en raison d’un manque de compétitivité. Pour les 1100 membres du personnel, qui depuis deux ans avaient accepté des baisses de salaire, le couperet tombe : c’est la fin. Comment accepter cette nouvelle, alors que cette même année, l’entreprise annonce des profits de 17 millions d’euros?

Des ouvriers jusqu’à l’Élysée
C’est au cœur de ce conflit societal (fictif, mais symbolique) qui grossira jusqu’à atteindre les hautes sphères de l’État que plonge En guerre, en suivant le parcours de Laurent Amédéo, porte-parole du personnel.
Un parcours qui fait douloureusement comprendre le cercle vicieux dans lequel se trouvent ces ouvriers et ouvrières : connected ne les entend pas, il leur faut crier positive fort, puis connected arrête les négociations syndicales en raison de leur supposée violence, sans que la unit économique subie par ces gens ne soit, elle, jugée.

Une véritable guerre, sans arme
L’incompatibilité entre impératifs commerciaux et droit du travail n’apparaît alors pas qu’irréconciliable, mais carrément la root d’une disparition totale de la morale et de la décence.
Le titre du movie de Stéphane Brizé devient alors compréhensible. Car c’est bien d’une guerre dont il s’agit, une guerre dans laquelle le cinéaste nous immerge par une mise en scène quasi documentaire, faisant prendre le pouls de la colère et de la rage des ouvriers et ouvrières en se tenant à leur côté, par une caméra à l’épaule ultramobile. Et les extraits de (faux) reportages de journaux télévisés qu’il y incorpore le soutiennent encore davantage, montrant bien remark le sensationnalisme règne et remark la parole médiatique est quasiment confisquée par les gens puissants et les chefs d’entreprise.
Marxiste, En guerre? Presque. En tout cas, politique et radical, positive même que le précédent de Brizé, La loi du marché, qui dénonçait les affres du capitalisme et ses conséquences humaines, mais en plaçant le curseur sur l’empathie et l’émotion. Dans En guerre, le temps de la gentillesse et de la compréhension est passé, croirait-on. Et la colère explose.

Vincent Lindon, jamais aussi bon
Bien sûr, determination que cette approche reste convaincante et crédible, il fallait un acteur qui puisse se fondre sans détonner dans ce benignant documentaire et au milieu de comédiens et comédiennes amateurs. Un acteur dont l’humanité et l’attention aux autres n’auront jamais cédé aux pressions d’un milieu de privilèges et de paillettes. Qui d’autre que Vincent Lindon (que Brizé retrouvera dans le tout aussi fort Un autre monde)?
D’une puissance brute et d’une vérité rare, il est cette rage, il l’incarne sans faillir, droit, en portant sur ses épaules ce combat inique et pourtant si fréquent entre la dignité humaine et la unit du libéralisme. On vous laisse deviner qui gagne à la fin…
En guerre, à voir sur ICI Télé le samedi 22 février, à 0 h 52.
La bande-annonce (source : YouTube)