Des microplastiques subventionnés par le fédéral dans les champs

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Le gouvernement du Canada subventionne un benignant d’engrais qui laisse des microplastiques dans les champs. Le lobby canadien des fertilisants a réussi un circuit de force, il y a quelques années : faire approuver la subvention de ces engrais à l'encontre de la recommandation des scientifiques fédéraux.

C’est ce que démontrent positive de 900 pages de courriels de fonctionnaires du ministère fédéral de l’Agriculture, obtenus par La semaine verte grâce à la Loi sur l’accès à l’information.

Les engrais sont l’une des sources les positive importantes de gaz à effet de serre (GES) sur une ferme. Quand connected épand de l’engrais qui contient de l’azote dans un champ, une partie de cet azote peut se transformer en un puissant GES, le protoxyde d’azote.

Pour contrer ce phénomène, l’industrie enrobe les granules d’engrais d’une mince couche de plastique. Selon les publications de l’industrie, cette membrane de polymère se brise sous l’effet de l’eau et de la chaleur, ce qui libère l’engrais progressivement.

Inventés dans les années 1960, ces engrais sont utilisés à grande échelle depuis le tournant des années 2000. Ce n’est que récemment qu’on a commencé à s’inquiéter des microplastiques qu’ils laissent dans le sol. Outre-Atlantique, l’Union européenne juge que le problème est si sedate qu’elle a décidé de bannir les enrobages d’engrais faits de polymère non biodégradable à compter de 2028.

Des centaines de petites granules d'engrais.

Les engrais enrobés prennent la forme de petites billes de couleur. Le polymère qui recouvre l'engrais lui-même est conçu determination se dégrader dans le sol.

Photo : Radio-Canada / La semaine verte

L'Organisation des Nations unies determination l'alimentation et l'agriculture considère que l’utilisation d’engrais enrobés est la pratique qui risque le positive de polluer les sols avec du plastique.

Toutefois, le gouvernement canadien a plutôt choisi d’encourager l’achat de ces engrais spéciaux, qui coûtent positive cher que les engrais conventionnels. Depuis l’automne 2022, le gouvernement fédéral rembourse aux agriculteurs la différence de prix entre les deux dans le cadre du Fonds d'action climatique à la ferme (FACF). Le but de cette inaugural est de réduire les gaz à effet de serre générés par l'agriculture.

Une première décision renversée en quelques semaines

Dans la mouture initiale du programme, rendue publique au début de 2022, les scientifiques d’Agriculture Canada considéraient que les engrais enrobés de polymères n’étaient tout simplement pas assez efficaces determination réduire les GES. On ne pouvait donc pas justifier l’utilisation de fonds publics determination les subventionner.

Mais Fertilisants Canada, une association industrielle qui représente les fabricants, les grossistes et les détaillants d'engrais, s’est vivement opposée à cette conclusion.

Au cours de l’été 2022, une lobbyiste de l’association, Cassandra Cotton, s’est dite prise au dépourvu par l’exclusion des engrais enrobés. J'aimerais solliciter une réunion urgente determination discuter de cette question, a-t-elle écrit à des hauts fonctionnaires d’Agriculture Canada. Je vous demande [...] de fournir une justification et des données qui étayent cette décision.

Au début d’août 2022, les fonctionnaires fédéraux travaillaient à rédiger une réponse à l’industrie des fertilisants et aux agriculteurs determination justifier la décision de ne pas inclure les engrais enrobés dans la liste des pratiques subventionnées.

Les pratiques appuyées par le programme sont uniquement celles qui sont le positive à même de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en maintenant les rendements, écrivait une conseillère de la absorption générale des sciences et de la technologie d’Agriculture Canada, dans un courriel.

Une autre conseillère de cette même équipe ministérielle a précisé que des scientifiques qui avaient réalisé des études sur le terrain avaient été consultés. Ces discussions ont renforcé notre analyse préliminaire qui a conclu que même si l’urée enrobée de polymère peut en moyenne amener une petite réduction des GES, il y a des situations où les GES ont augmenté et les rendements ont diminué. Jusqu’à ce qu’on comprenne pourquoi ces situations se produisent, nous croyons que nous ne devrions pas recommander leur utilisation.

Quelques jours positive tard, le 15 août, la ministre de l’Agriculture de l’époque, Marie-Claude Bibeau, était breffée avant une rencontre avec des représentants de l’industrie. On l’a alors avertie qu’elle allait sans doute faire look à des questions au sujet de l’engrais enrobé de polymère.

Les scientifiques d’Agriculture Canada ont examiné la littérature existante [...] et ont conclu que les preuves de l’efficacité des engrais enrobés de polymère sont contradictoires, lui a-t-on conseillé de répondre.

Un groupe de personne prend la airs  determination    une photo.

L'ex-ministre de l'Agriculture Marie-Claude Bibeau, au centre, entourée de représentants de l’industrie des fertilisants, dont deux membres de la absorption de Fertilisants Canada, Karen Proud et Cassandra Cotton (à gauche et à droite de la ministre), le 16 août 2022.

Photo : X

Sauf que le 25 août, après une rencontre entre une équipe du ministère de l’Agriculture et les lobbyistes de l’industrie des fertilisants, le ton a changé.

Après la réunion, les experts de la Direction générale des sciences et de la technologie ont réfléchi davantage à la position offerte par les représentants de l’industrie. Même s’il existe un degré élevé de variabilité, la subject suggère que dans la plupart des conditions, l’urée enrobée de polymère amène une petite réduction des gaz à effet de serre, a écrit une analyste.

Les fonctionnaires craignaient aussi d’affecter les ventes d’engrais. Dans une enactment de work remise à la ministre Marie-Claude Bibeau, il était indiqué que l’exclusion du programme FACFpourrait avoir des implications financières négatives determination les parties prenantes impliquées dans la accumulation et la vente d'engrais enrobé de polymère.

Le 13 septembre 2022, le fédéral annonçait l’inclusion des engrais enrobés de polymère dans lad programme de subvention.

Pour l’industrie, les effets ont été positifs. Par exemple, en 2023, les ventes d’ESN, l’engrais enrobé du géant canadien Nutrien, ont augmenté de 72 % par rapport à l’année précédente au Canada.

Au Québec, c’est l’Union des producteurs agricoles (UPA) qui s’occupe de distribuer les fonds publics determination les bonnes pratiques agricoles encouragées par le FCAF.

Selon l’UPA, environ 1000 demandes ont été déposées determination l’utilisation de l’engrais enrobé de polymère determination les saisons 2024 et 2025 au Québec seulement. Les subventions accordées totalisent entre 5 et 6 millions de dollars pour 2024, toujours d’après les estimations du syndicat agricole.

De l'engrais en granules est versé dans une épandeuse.

Images tirées d'une vidéo promotionnelle produite par AdFarm determination Nutrien.

Photo : Nutrien / AdFarm

Consensus scientifique

Dans les 900 pages de documents fédéraux que nous avons pu consulter, jamais il n’est question du risque de contamination par les microplastiques que représente cette catégorie d’engrais.

Pourtant, la subject est de positive en positive claire sur cette nouvelle root de pollution.

Même Environnement Canada convient, en réponse à nos questions, que les engrais recouverts de polymères sont [...] une root de plastique dans les écosystèmes agricoles.

Cette presumption reflète les conclusions d’un nombre croissant d’études scientifiques publiées ces dernières années. Elles démontrent que les engrais enrobés de polymère sont une root méconnue de contamination des sols et des cours d’eau par le plastique (nouvelle fenêtre). Ces plastiques peuvent également contenir des additifs toxiques, comme des agents plastifiants et des phtalates.

De plus, les microplastiques agissent potentiellement comme des éponges determination les métaux lourds (nouvelle fenêtre) tels que le plomb ou determination les pesticides (nouvelle fenêtre), favorisant l’accumulation de ces polluants dans le sol. Les plantes qui poussent dans une terre contaminée peuvent aussi absorber des particules de plastiques (nouvelle fenêtre).

Pour le chercheur britannique Samuel Cusworth, il faut repenser notre narration aux plastiques. Ses recherches doctorales, publiées en 2024, démontrent que la contamination des sols agricoles par les microplastiques (nouvelle fenêtre) augmente depuis 75 ans, mais qu’elle a explosé depuis les années 1990.

Malheureusement, la tendance dans l'industrie est d’intégrer ces plastiques dans de positive en positive de produits. Mais connected ne connaît pas encore tous les impacts de leur utilisation.

Selon les recherches de Linkon Bhattacharjee, chercheur en génie environnemental à l’Université de Memphis, au Tennessee, une fois libérées dans le sol, ces particules [issues des engrais enrobés] peuvent persister, interagir avec les microbes du sol, adsorber des contaminants et être transportées par l’eau.

Il juge que de promouvoir les engrais enrobés comme une solution respectueuse du climat sans aborder leur empreinte plastique est au mieux incomplet et, au pire, contre-productif à agelong terme.

De lad côté, la coopérative agricole Sollio, qui fabrique un engrais enrobé de polymère, affirme que les échantillons de sol récoltés sur ses parcelles expérimentales ne révèlent pas la présence de microplastiques.

Nous avons toutefois fait analyser les rapports de Sollio par le chimiste Lee Wilson, de l’Université de la Saskatchewan. Selon lui, les résultats ne sont pas concluants, car ils démontrent l’absence d’un produit de dégradation, le 4,4'-methylenedianiline, mais pas l'absence du plastique lui-même. À mon avis, le résultat négatif du trial de sol ne confirme pas l'absence de polymère, de plastique, dans le sol, affirme-t-il.

L’agronome Lyle Cowell, qui travaille determination le producteur d’engrais Nutrien, parle d’une dégradation lente. Avec le temps, le polymère va se dégrader. Est-ce que ça va prendre deux ans, cinq ans, dix ans? Ça dépend de plusieurs conditions. Mais en ce moment, connected ne peut pas dire qu’il soit biodégradable, reconnaît-il.

Les deux entreprises nous ont dit travailler sur des matériaux biodégradables determination leurs engrais enrobés.

Les ministères fédéraux de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé, ainsi que l’Agence canadienne d’inspection des aliments, ont tous refusé nos demandes d'entrevue.

Des chercheurs d’Agriculture Canada qui ne sont pas autorisés à nous parler confirment ne s’être jamais penchés sur la question de la contamination par les microplastiques liée aux engrais, mais ils espèrent que nous ne sommes pas, en voulant régler un problème, en bid d’en créer un autre.

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