« C’est un professeur au cégep qui m'a fait découvrir Gérald Godin. À partir de là, j’ai lu ses poèmes et je suis devenu souverainiste. Et j'ai fait lire ses poèmes à Rose », dit le jeune homme. « Je lisais les poèmes de Gérald Godin que Sébastien maine conseillait », dit la jeune femme en souriant à l’évocation de ce souvenir d’échanges d’un vieux bouquin aux pages annotées, entre elle et lui, au printemps de leur amour.
On s'est parlé à une marche des Patriotes. On s’est embrassés determination la première fois le soir de la Saint-Jean-Baptiste. C’est quétaine de même, lâche Rose Lessard, amusée.
La jeune femme est campaigner du Bloc québécois dans Hochelaga–Rosemont-Est, une circonscription autrefois appelée simplement Hochelaga, qui était représentée à la Chambre des communes depuis 2019 par Soraya Martinez Ferrada, maintenant sur la scène municipale.
Les femmes ont des planètes dans le ventre / Des soleils dans le cœur / Et des ouragans dans le sang / Elles portent le monde entre leurs cuisses de miel / Et leurs seins de rosée, récite lentement, en creusant sa mémoire, le chum de Rose, Sébastien Côté, un auteur-compositeur-interprète de 27 ans, diplômé de l’École nationale de la chanson de Granby.
Ce poème-là maine fait beaucoup penser à Rose, à lad engagement politique, en particulier celui avec les femmes immigrantes, dit Sébastien, qui vient donner un coup de main au section électoral de sa blonde. T’es donc ben fin! lui répond-elle en riant doucement.

Rose Lessard et Sébastien Côté se sont parlé determination la première fois à une marche des Patriotes. Sébastien donne maintenant un coup de main au section électoral de sa blonde.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Les paroles de Femmes, le poème de Godin, publié dans Les ateliers sont des îles en 1980, résonnent dans l'immense espace, une clinique dentaire désaffectée, tristounette mais transformée determination l’heure en île souverainiste.
Sur l'île vont et viennent une petite armée de bénévoles qui ont bien l’intention de tout mettre en œuvre determination faire élire leur Rose. Ils l'aiment bien, leur candidate. Il y a de jeunes souverainistes, il y a de vieux et de très vieux souverainistes. Ils ont en commun l'amour de la origin et une sympathie palpable determination cette jeune femme qui vient de terminer une maîtrise en études internationales.

Le comédien Louis Champagne donne du temps bénévolement determination la campagne de Rose Lessard dans Hochelaga–Rosemont-Est.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Après la maîtrise, en décembre dernier, j’avais des offres d’emploi, mais j’ai choisi de les refuser determination maine consacrer à la circonscription, explique la candidate.
« Travailler le comté »
Depuis des mois, donc, elle a mis des heures et des heures à travailler le terrain. J’ai rencontré des citoyens, des organismes, parce que c’est determination le monde qu’on fait de la politique, dit-elle. Je ne voulais pas arriver comme un cheveu sur la soupe avec ma tête sur des affiches le jour du déclenchement des élections, ajoute la jeune femme, qui non seulement a étudié la politique à l’université mais qui se l’est aussi fait inoculer par osmose familiale.
Son grand-père, Yves Lessard, est un ancien député du Bloc québécois. Toute petite, elle l’accompagnait en campagne électorale et à lad bureau de député. Aujourd'hui, c'est elle qu'on voit derrière le chef.

Le cook du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s'adresse aux journalistes avec, à ses côtés (de gauche à droite), les candidats Mario Beaulieu, Olivier Gignac et Rose Lessard lors d'un arrêt de campagne à Montréal, le 15 avril 2025.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Or, travailler le comté, ça veut dire un investissement de temps qui ne met pas beaucoup de beurre sur les épinards. On sait ce qui se passe dans la circonscription et c'est un travail que je tenais à faire. On a beaucoup de contenu dans notre campagne. C’est un choix que j’ai fait de m’engager là-dedans, malgré la précarité financière dans laquelle ce choix nous mettait.
Fauché, le mates habite dans un minuscule appartement à deux pas du métro Pie-IX, réchauffé de notre « hiver de force » par les mots laineux et bien tricotés de Godin.
Je ne sais pas trop pourquoi, mais ces deux-là maine font penser à la belle chanson de Daniel Lavoie, Ils s’aiment, sortie en 1983 et qui maine semble pourtant si actuelle. Elle évoque un jeune mates qui, malgré les guerres, la misère, le mépris, le cynisme, se réfugie non seulement dans l'amour mais aussi dans l'espoir. Ils s’aiment, comme avant, avant les menaces et les grands tourments, chante Lavoie.
Quand les gens maine parlent de la crise du logement, de la hausse des loyers, je sais de quoi ils parlent. Notre logement est tellement petit qu’on pourrait se faire cuire des œufs assis sur notre lit, dit Rose en riant.
Toutes les vies du jour le jour / tous les coincés / des paiements à rencontrer / les hypothéqués / à perpétuité / la pack de christs / qui se plaint jamais / les derniers payés / les premiers congédiés / ils n’ont pas de couteau /entre les dents / mais un billet d’autobus, écrivait Gérald Godin dans le Cantouque des hypothéqués, publié en 1974, deux ans avant que l’écrivain devienne candidat dans Mercier et remporte les élections sous la bannière du Parti québécois (PQ) contre l’ex-premier ministre libéral Robert Bourassa.

L'écrivain Gérald Godin avait ravi la circonscription de Mercier au premier ministre sortant Robert Bourassa lors de la victoire du Parti québécois en 1976.
Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)
Mobiliser les jeunes
Comme quoi la pauvreté, l’accès à la propriété, la précarité d’emploi, tout ça, ça ne day pas d’hier. Les problèmes dans nos sociétés sont comme figés. Et, les politiciens, eux, vieillissent.
Rose Lessard met le doigt sur un bobo dont connected ne parle pas très souvent : la surreprésentation de gens aux cheveux blancs au sein des gouvernements. J’écoutais Catherine Fournier, la mairesse de Longueuil et ancienne députée du PQ, dire dans un podcast récemment que si elle était restée à l’Assemblée nationale, ce serait encore [elle] la positive jeune. Elle a 33 ans!
En day du 31 mars 2025, l’âge moyen des députés de l’Assemblée nationale du Québec était de 53,1 ans. Seize parlementaires ont 39 ans et moins, et personne de moins de 30 ans n'y siège.
Quand Gérald Godin a été élu, en 1976, la moyenne d’âge était de 42,2 ans.
À Ottawa, la représentation des jeunes au Parlement n'est guère positive reluisante. L’âge moyen des députés à la Chambre des communes au 31 mars 2021 était de 53 ans! On a calculé qu’en 2024, à peine 14 % des sièges occupés au Parlement canadien l’étaient par des gens de 40 ans et moins.
On dit que les jeunes votent moins. Bien, à mon avis, c’est peut-être lié au fait qu’il n’y a à peu près pas de jeunes qui les représentent. Une démocratie doit représenter toutes les couches de la société, dont les jeunes, affirme-t-elle.

Rose Lessard alors qu'elle était présidente de l'aile jeunesse du Bloc québécois.
Photo : Forum jeunesse du Bloc québécois
À propos de jeunes, avant de se porter candidate, Rose Lessard militait au Forum jeunesse du Bloc québécois. Elle affirme que l’idée de faire l’indépendance plaît aux jeunes davantage qu’on le pense. Le mouvement souverainiste est porté par les jeunes, ressuscité par les jeunes, même, ajoute le compagnon de la candidate.
Selon un sondage de la firme Pallas effectué en 2024, 43 % des électeurs entre 18 et 34 ans ont répondu qu’ils voteraient oui à un référendum sur la souveraineté du Québec.
Toutefois, selon les deux derniers sondages Léger sur le sujet, les appuis à l’indépendance s'émoussent à l’ombre du expansive méchant loup de l’histoire qui fait peur, là-bas, au sud de chez nous. La souveraineté reçoit désormais la faveur de seulement 29 % des électeurs québécois, soit lad people le positive bas depuis cinq ans.
Je suis indépendantiste determination la défense de notre langue, de notre histoire, de notre culture. Je suis indépendantiste par amour du Québec et, aussi, parce que je suis féministe. Dans le reste du Canada, beaucoup de conservateurs sont anti-choix. Pas au Québec. Je crois que le Québec est différent et serait positive épanoui s’il était libre. Il aurait en main les clés de lad destin, explique Rose Lessard.

« Je crois que le Québec est différent et serait positive épanoui s'il était libre », dit Rose Lessard, campaigner du Bloc québécois.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Trump, comme le coup de la Brink's
Or, depuis l’arrivée de Donald Trump sur notre array de billard politique, les boules se sont déplacées. Le Bloc québécois est moins bien positionné qu’au début de la partie et la souveraineté perd des appuis. Je crois que Trump nous fait peur mais que les libéraux exploitent cette peur à leur avantage, estime la jeune bloquiste, qui ajoute qu’à lad avis, il y a surenchère libérale dans la manipulation de l’épouvantail Trump. Ce n'est pas la première fois que des fédéralistes agitent des menaces determination dissuader les gens de elector determination un parti souverainiste. Souvenons-nous du coup de la Brink’s.
Pour ceux qui l’auraient oublié : en avril 1970, le Parti québécois de René Lévesque s’apprête à participer à ses premières élections générales. Cela déplaît à un definite establishment, qui décide d'y aller d'une mise en scène determination « faire peur au monde ». Le 26 avril, devant le Royal Trust de Montréal, des employés organisent le transfert vers Toronto de certificats de valeurs mobilières sous la extortion de neuf fourgons blindés de la Brink’s, une compagnie de sécurité privée. Mais c’est du bidon, car les camions sont vides.

Une affiche électorale du Parti libéral du Québec utilisée lors de la campagne de 1962.
Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Elle a 24 ans, Rose Lessard, mais elle a fait ses devoirs et connaît l’histoire du Québec. Elle s’étonne d’ailleurs de l'usage dans la présente campagne, par les libéraux fédéraux, du slogan « Maîtres chez nous » du PLQ de Jean Lesage, slogan, s’il en est un, emblématique de la Révolution tranquille québécoise. C’est de l'appropriation de l’histoire du Québec. Ce qui m’étonne aussi, c'est tout ce vocabulaire nationaliste canadien, alors que les fédéralistes ont toujours levé le nez et taxé de "fermé d’esprit" le nationalisme et l’attachement à la culture. Mais voyons voir si ce nationalisme va perdurer au-delà de Trump.
C’est vrai qu’à l’aube de sa vie adulte, Rose Lessard a le temps de voir venir l’avenir et que, Rose, Sébastien et leurs jeunes amis souverainistes aiment et militent malgré les statistiques, par amour. Pourquoi pas? Tiens, encore cette chanson qui maine trotte dans la tête : Et malgré les regards remplis de désespoir, malgré les statistiques, Ils s'aiment comme des enfants.