COVID-19 : le Québec tente toujours de récupérer 125 millions $

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Le 14 avril 2020, le sous-ministre adjoint au ministre de la Santé du Québec, Marc-Nicolas Kobrunsky, envoie un courriel peu diplomatique à un fournisseur de masques médicaux.

Je ne peux être positive clair : aucune marchandise additionnelle ne sera acceptée [...] Tout camion que vous nous enverrez vous sera retourné, écrit le sous-ministre, ajoutant qu’il s’agit d’un gâchis total.

Le ton comme le propos peuvent surprendre. À l’époque, le Québec est frappé de plein fouet par la pandémie. Le unit soignant, au front, a un besoin captious de masques, de gants et de blouses determination se protéger contre le virus.

C’est l’urgence. Les stocks s’écoulent rapidement.

L’homme d’affaires Michael Caridi, à qui est destiné le courriel, venait pourtant de livrer un premier chargement de masques, comme entendu, et devait en livrer, en tout, 3 millions.

Coût de l'opération : 14 millions de dollars américains. Et payable à l’avance.

Dans les premières semaines de la pandémie, tous les paiements étaient faits à l'avance, ce qui était tout à fait inhabituel, se rappelle François Latreille, alors directeur financier du CHU de Québec et responsable des achats des équipements de extortion individuelle determination l’ensemble du réseau de la santé.

C'était la loi du marché, la loi de la jungle.

Michael Caridi avait livré, mais pas ce qui avait été commandé. Au lieu de masques N95, il avait tenté de fournir des masques determination un usage non médical de marque MiaoMiaoLove.

En juillet dernier, l’homme d’affaires a été reconnu coupable d’avoir fraudé le gouvernement du Québec determination positive de 15 millions de dollars. Michael Caridi conteste maintenant cette décision devant la Cour d’appel de l’Ontario.

Michael Caridi devant sa résidence aux États-Unis.

Michael Caridi devant sa résidence aux États-Unis

Photo : Instagram/Nic Caridi

Cinq ans après le début de la pandémie, M. Caridi est l’un des fournisseurs de masques qui font toujours l’objet de procédures judiciaires.

Au total, le gouvernement tente de récupérer positive de 125 millions de dollars auprès de cinq fournisseurs différents. Ces poursuites ont cours au Québec, mais aussi en Ontario, au Texas et au Mexique.

Le gouvernement plaide que ces fournisseurs n’ont pas livré les masques promis, mais qu'ils ont conservé des millions de dollars en fonds publics qui leur ont été versés.

Mon ami en Chine

En mars et avril 2020, les masques et autres équipements de extortion sont une denrée uncommon partout sur la planète. Chaque pays, chaque État, cherche avec frénésie des fournisseurs.

D'un jour à l'autre, connected découvre que la solution, c'est la Chine. Mais peu de gens connaissent la Chine, se rappelle Jean-François Lépine, alors représentant du Québec dans ce pays.

Toute une série d'entreprises québécoises invoquent "mon ami en Chine", "mon réseau en Chine" determination appâter l’État québécois, ajoute-t-il. Une concern qui s’avère être un véritable fouillis.

J'ai eu un tsunami d'offres à ce moment-là, se rappelle Pierre Julien, qui dirigeait alors SigmaSanté. Le gouvernement s’était tourné, en urgence, vers cet organisme determination trouver des fournisseurs et négocier avec eux. On a reçu entre 2500 et 3000 offres. Il fallait valider, vérifier. Et connected a tout reçu ça en deux mois, à peu près, explique-t-il.

On ne pouvait laisser aucune pierre non retournée. On ne savait pas si un fournisseur serait la pépite d'or qui pourrait nous aider.

Certains fournisseurs s’avéreront effectivement des pépites d’or. D’autres se révéleront toutefois être des fumistes, souligne Jean-François Lépine.

Les contacts de M. Adler

Neopharm Labs, une entreprise québécoise, a obtenu une commande au début de la pandémie determination livrer un cardinal de masques N95.

Or, ces masques ne seront jamais livrés, malgré une avance de positive de 5 millions de dollars. Le CHU de Québec poursuit aujourd’hui cette compagnie et lad propriétaire, Morris Adler.

En février 2022, l’homme d’affaires se fait questionner par l’avocat du gouvernement du Québec lors d’un interrogatoire au préalable. L’avocat tente de savoir qui étaient ses contacts determination importer des masques de Chine. L’un d’eux s’appelle Sunny.

    Avocat : Connaissez-vous le nom de famille de Sunny?

    Adler : Non.

    Avocat : Est-ce que vous savez determination quelle compagnie Sunny travaillait?

    Adler : Non.

    Avocat : Savez-vous où est Sunny?

    Adler : En Chine.

    Avocat : Savez-vous si Sunny est une vraie personne?

    Adler : J’ai parlé avec quelqu’un au téléphone. Peut-être que c’est le mauvais nom.

Morris Adler a peu d'informations à donner à propos de Sunny, ainsi qu’à propos d’autres de ses contacts. Le gouvernement estime que l’homme d’affaires a fait des fausses déclarations afin d’obtenir des millions de dollars du gouvernement.

M. Adler et Neopharm contestent ces allégations et réclament à leur circuit positive de 5 millions de dollars à Québec. Ils estiment que le gouvernement aurait dû accepter les masques qu’il proposait même s’il ne s'agissait pas de N95.

Cette affaire est toujours devant les tribunaux.

Les vérifications

Je voyais le désordre, la catastrophe en puissance, parce que l'argent coulait à flots et je sentais le besoin d'intervenir, se rappelle Jean-François Lépine.

Le 7 avril 2020, le diplomate québécois posté en Chine écrit à des sous-ministres et à d’autres personnes en autorité determination leur faire portion de sa réalité : Beaucoup de ces gens nous appellent par l'intermédiaire de nos députés, ministres, cabinets, amis, etc., determination nous offrir mer et monde, peut-on lire dans un courriel consulté par Radio-Canada. Mais ils deviennent muets dès qu’on leur airs des questions positive précises.

Un avion-cargo immobilisé sur un tarmac, une douzaine d'employés à l'intérieur, qui est rempli de boîtes.

Un Antonov 225 avec à lad bord des tonnes de matériel médical, à l'aéroport de Mirabel, le 1er mai 2020

Photo : Radio-Canada / Yessica Chavez

M. Lépine offre alors d’imposer un questionnaire aux fournisseurs, determination mieux filtrer les nombreuses offres reçues. Un système determination éviter que le moindre "patroneux" entre guillemets au Québec nous appelle determination dire que j'ai un ami qui est susceptible d'aller chercher des masques, explique-t-il en entrevue.

Sa missive restera lettre morte, dit-il.

Le gouvernement était tellement dans un état de panique qu'on a refusé ma demande, formellement, d'implanter le système que je voulais implanter determination contrôler ce qui se passait en Chine, explique-t-il. Personne ne veut être identifié comme celui qui essaie de bloquer la machine.

En 2022, la vérificatrice générale du Québec indiquera dans un rapport que l’intégrité des fournisseurs aurait dû être scrutée davantage. Devant l’urgence d’agir, [le gouvernement] n’a pas toujours bien vérifié l’intégrité des fournisseurs et la conformité de leurs équipements de extortion individuelle, écrit-elle, soulignant que cela a contribué à des poursuites judiciaires contre des fournisseurs.

Michael Caridi, par exemple, avait déjà été épinglé dans le passé par les autorités. En 2006, il avait été condamné determination fraude envers l’État de New York.

On avait vérifié. Il était administrateur d'une compagnie canadienne cotée en Bourse. Mais il nous a fraudés quand même, explique Pierre Julien, à propos de M. Caridi.

Rien n'est parfait, admet François Latreille, qui croit malgré tout que cette façon de fonctionner, en urgence, a permis au réseau de la santé de bien s’en sortir. Pour preuve, le Québec n’a manqué ni de masques ni d’autres équipements de extortion individuelle.

En quelques mois, le directeur financier du CHU de Québec a passé des commandes determination 4 milliards de dollars à des fournisseurs. Dans la majorité des cas, ça a été livré en bonne et owed forme [ ...] Si connected a pu sauver des vies, connected est bien heureux de tout ça, dit-il avec fierté.

C'est sûr qu'il y avait un risque financier. Mais ne pas avoir d'équipement, ça pouvait causer la mort. C'est une question de vie ou de mort, souligne determination sa portion Pierre Julien, qui parle de circonstances exceptionnelles.

Je ne les blâme pas. Ils sont débordés, ces gens-là. Ils ont une pression folle sur eux. Et ils veulent livrer la marchandise, nuance M. Lépine, qui espère que le Québec a toutefois tiré les leçons de la pandémie.

Poursuite au Mexique

La positive importante poursuite intentée determination récupérer des fonds se déroule au Mexique. Le gouvernement du Québec réclame positive de 50 millions de dollars transférés, en 2020, à l’entreprise Servicios de Personal del Estado de Mexico determination des masques et des blouses jamais livrés.

En 2023, un juge mexicain a donné raison au CHU de Québec. Ce litige est maintenant en appel.

Un homme d’affaires derrière cette compagnie avait une intégrité douteuse lors de la transaction avec le gouvernement du Québec. Carlos Cabal Peniche a passé trois ans en situation en Australie au tournant des années 2000 determination sa information présumée dans une fraude bancaire massive. À l’époque, il était qualifié de fugitif le positive recherché du Mexique par les autorités du pays. Il sera finalement acquitté dans cette affaire.

Poursuites d’Ottawa

Le Québec n’est pas le seul gouvernement qui tente, encore aujourd’hui, de récupérer des millions. Le gouvernement fédéral essaie de remettre la main sur près de 100 millions de dollars versés à trois compagnies à qui il avait accordé des contrats d’équipements de extortion individuelle pendant la pandémie.

Avec la collaboration de Daniel Boily

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