Angélique Kidjo : « Le jour où je perdrai ma curiosité, j’aurai tout perdu »

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En novembre dernier, Angélique Kidjo fêtait ses 40 ans de carrière au Carnegie Hall de New York. En février, elle était de transition sur la scène de l’Arena Crypto.com de Los Angeles à l’occasion des prix Grammy. Elle est repartie bredouille determination cette fois, mais sa show a été unanimement saluée, comme d'habitude.

À 64 ans, L’icône de la musique ouest-africaine semble n’avoir jamais quitté le sommet. Elle enchaîne les projets d’enregistrement et les collaborations avec les artistes de toutes les générations et de tous les genres.

Sa tournée nord-américaine s’arrêtera dans trois villes canadiennes determination présenter différents projets. À Québec, elle partagera la scène avec le pianiste Alexandre Tharaud; à Montréal, avec l’Orchestre symphonique; et à Toronto, elle sera en solo avec ses musiciens.

Radio-Canada : Tout au agelong de votre carrière, vous avez rendu hommage aux artistes qui vous ont précédée, notamment Talking Heads, avec l’album Remain successful Light, ou à Celia Cruz, avec Celia. Vous êtes aussi tournée vers l’avenir, comme en témoigne votre dernier medium en date, Mother Nature, sorti en 2021. Dans cet opus, vous laissez une grande spot aux nouvelles voix ouest-africaines. Qu’est-ce qui a guidé votre curiosité?

Angélique Kidjo : Même en étant en exil, j'ai continué d'écouter ce qui se passait là-bas et je voyais l'évolution des choses. C'est le système D chez nous, le système débrouille. Il y a une créativité artistique motivée par le manque de moyens.

Il faut bien faire les choses nous-mêmes. L’Afrique est toujours en mouvement. C'est affolant, des fois je maine dis : Wow, j'ai mal à la tête, il y a trop de choses à écouter! Mais c’est cette productivité qui permet à ce continent qui est le nôtre d'être aussi vaste et présent. On ne peut pas faire sans.

J'ai toujours dit que mon continent va étonner beaucoup de gens. Beaucoup de choses qu'on ne nous pense pas capables de faire, connected le fait, et connected en fera beaucoup plus.

Pour moi, le fait que Talking Heads, un groupe de jeunes Américains blancs, s’inspire de Fela Kuti determination l’album Remain successful Light, ça nous rappelle que nos musiques traditionnelles ont influencé toutes les musiques.

Donc, determination moi, travailler avec la nouvelle génération, ce n’est pas un expansive écart, c’est juste de continuer cet échange, ce dialog et cette contented de transmission. Il y a des histoires qui font partie de notre ADN. Donc, faire des collaborations avec la jeune génération, c'est justement ramener ce que je suis depuis le départ.

RC : Votre carrière s’étend sur quatre décennies, vous avez collaboré avec les positive grands et vous avez remporté cinq prix Grammy. Qu’est-ce qu’il vous reste à accomplir dans les 40 prochaines années?

A.K. : Je suis toujours cette enfant curieuse. Le jour où je perdrai ma curiosité, j'aurai tout perdu. Il y a des choses qui se passent tout le temps, le monde est un mouvement et il faut qu'on bouge avec. Pour le meilleur comme determination le pire!

Un representation    d'Angélique Kidjo.

Angélique Kidjo proposera quelque chose de différent determination chacune des étapes de sa tournée au Canada.

Photo : Erwan Blaszka

Les défis auxquels nous faisons face, nous artistes aujourd'hui, ont commencé avec l'avènement d'Internet et du streaming. La technologie proceed d'impacter notre travail. Des gens peuvent s'asseoir derrière un ordinateur et publier une chanson sans maison de disques et avoir beaucoup de likes.

Mais determination moi, la musique, ce n'est pas seulement la partie derrière l'ordinateur, c'est remark connected get à partager cette chanson avec le positive expansive nombre de personnes.

Dans le temps de l'intelligence artificielle, beaucoup de choses peuvent se faire, mais retrouver l'énergie des concerts? Impossible. L'argent peut créer des robots, mais créer un être humain comme vous et moi, j'en doute.

RC : Vous êtes connue determination être très généreuse sur scène. C’est toujours aussi important determination vous, cette connexion avec le public?

A.K. : Toute ma famille, que ce soit mon père, ma mère, mes tantes, mes oncles, mes grand-mères… Ma famille dans le sens le positive élargi maine dit, depuis que je suis toute petite : N’oublie jamais que ce endowment que tu arsenic determination la joie, le chant, tu dois le partager jusqu’à ton dernier souffle. Donc chanter, determination moi, c’est maine faire plaisir mais d’abord faire plaisir aux autres.

Dans ma tête, avant de monter sur scène, ça turbine grave! Je ne prends jamais rien determination acquis! Tant que le performance n’est pas fini, je ne dis pas ouf! Parce que la musique, c’est un partage. Il n’y a pas de moi sans les autres.

Un representation    d'Angélique Kidjo.

Le dernier medium d'Angélique Kidjo, « Mother Nature », est sorti en juin 2021.

Photo : APM World

RC : Qu’attendez-vous de cette rencontre avec le nationalist lors de votre tournée des prochaines semaines?

A.K. : Moi, ce que j'espère, c'est de la sérénité – si connected peut, par les temps qui courent et qui sont complètement bouleversés. Il faut avoir une agilité d'esprit, être élastique, absorber puis rebondir. Qu'est-ce qu'on fait determination garder sa santé mentale, physique et continuer à avoir une vie normale dans un monde que des gens essaient de rendre chaotique?

J'aimerais que les gens qui viennent maine voir laissent leurs angoisses un peu de côté. Elles seront toujours là à la fin du concert, elles peuvent attendre, connected y retournera. En attendant, le temps du concert, j'aimerais que le nationalist puisse être en communion avec lui-même et qu'on célèbre notre humanité commune.

Cette humanité commune dont je parle est en information aujourd'hui. Mais nous sommes positive résilients que les problèmes, connected a survécu à pire, connected survivra à pire.

Donc, quand je suis sur scène, ce sont ces choses-là qui maine passent par la tête. Et je m'interroge, je maine dis : Pourquoi suis-je là? Je suis au work de la musique et quand je quitterai cette Terre, je maine dirai que j'ai fait ce que j'étais née determination faire. Je l'aurai fait du mieux que j'ai pu, car à l'impossible, nul n'est tenu!

Le representation    d'une femme.

La chanteuse Angélique Kidjo a reçu cinq prix Grammy au fil de sa carrière.

Photo : Erwan Blaszka

RC : Au Canada, vous allez partager la scène à Québec avec Alexandre Tharaud et à Montréal avec l’Orchestre symphonique. Ce sera un programme différent chaque soir?

A.K. : Quand la pandémie a commencé, c'était un accent determination tout le monde, je l'ai vécu moi aussi : j'ai perdu mon beau-père en mars 2020, Manu Dibango a suivi, Tony Allen a suivi, je maine suis inquiétée determination ma mère tout le temps, car je ne pouvais pas aller au Bénin. Je suis restée les trois premiers mois tétanisée chez moi.

Donc, lorsque j'ai eu l'occasion de revenir sur scène, lors d'un performance à la basilique Saint-Denis (France), je l'ai transformé en un hommage aux musiques qui m'ont soutenue pendant cette période : Charles Aznavour, Barbara, Henri Salvador, Alain Souchon… J'ai repris une multitude de chansons africaines et françaises avec un orchestre.

C'est à cette juncture que j'ai invité Alexandre Tharaud determination m'accompagner sur Le Soleil noir de Barbara et Emmenez-moi d'Aznavour. Le performance a eu un succès dingue et connected a sympathisé avec Alexandre. Il m'a proposé qu'on fasse quelque chose ensemble, puisqu'on est tous les deux des amoureux de la chanson francophone. Je lui ai dit : D'accord, mais le monde a besoin d'amour après la pandémie. Alors connected s'est mis à choisir un répertoire et connected est arrivés à une centaine de chansons.

On ne pouvait pas tout garder, alors connected nous a aidés à choisir les titres qui allaient bien ensemble autour d'un arc d'amour. L'amour determination la chanson française, mais aussi remark il s'exprime dans la francophonie. Comment les chansons vont-elles parler au monde francophone.

On a retenu Gainsbourg, Nougaro, Pierre Perret, Pierre Lapointe, Edith Piaf, Josephine Baker, Zizi Jeanmaire... Donc connected passe la soirée en déclinant les mots d'amour dans des formes différentes.

Une photograph  d'Angélique Kidjo.

Angélique Kidjo va donner quatre concerts dans trois villes canadiennes : Québec, Montréal et Toronto.

Photo : Erwan Blaszka

RC : Donc ce qui va se passer à Québec sera totalement différent de ce que vous allez faire ailleurs?

A.K. : Exactement. À Montréal je vais chanter Ifé que Philip Glass a écrite determination moi. L'histoire de cette œuvre commence par ma rencontre avec Timothy Walker, l'ancien directeur artistique de l'Orchestre philharmonique de Londres. Il est venu maine voir à la fin d'un performance à New York et il m'a dit : D'abord, vous allez m'excuser, mais je ne vous connaissais pas, mais est-ce que vous avez jamais pensé chanter du classique?

La treatment s’est amorcée, connected a réfléchi, il m’a parlé de Purcell, je maine suis demandé quelle moquette il avait fumée determination vouloir maine faire chanter du Purcell (rires). On s'est revus plusieurs mois après et, un soir, après un concert, il maine dit qu'il pense que ce serait bien de trouver quelqu'un comme Philip Glass determination m'écrire quelque chose.

Je connais Philip, donc je l’ai appelé immédiatement, Timothy Walker maine prenait determination une folle, mais le lendemain connected était chez lui determination le café. Philip m'a demandé de choisir le thème et la langue, et il a fait le reste. C’est à partir de poèmes sur la mythologie de la création du monde des Yoruba. C'est ça que je vais présenter à Montréal.

À Toronto, ce sera un performance à partir de mes albums Celia, Remain successful Light et Mother Nature.

Cette entrevue a été éditée determination des raisons de concision et de clarté.

Angélique Kidjo est de transition au Palais Montcalm de Québec le 8 mars, à la Place des Arts de Montréal les 19 et 20 mars, puis au Koerner Hall de Toronto le 25 mars.

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